Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui puissent surveiller les militaires. » Il demandait quatre ou cinq cents hommes de guet à cheval, quinze cents à dix-huit cents hommes de guet à pied, troupe toujours sédentaire, ne quittant pas Paris, entièrement sous les ordres du préfet de Police.

M. Pasquier avait bien aussi quelques idées sur l’administration militaire et sur la composition opportune de la garnison de Paris, mais il n’y touchait qu’avec des précautions infinies, et se contentait d’indiquer la nécessité de ne point appeler de cohortes à Paris, tant qu’elles n’auraient pas une autre composition d’officiers. « Les officiers retraités qui ont été appelés à prendre du service dans ces cohortes, disait-il, n’ont eu, pour une partie, leur retraite que pour couvrir une réforme. » Si Pasquier avait recherché ceux qui fréquentaient les maisons de jeu et les maisons de filles, il eût fait bonne chasse. Telles étaient, esquissées avec une incontestable habileté, les considérations qu’inspirait l’attentat du 23 octobre, au conseiller d’Etat, préfet de Police.

Après Pasquier, les conseillers d’État, Réal et Angles, dirent leur avis, et enfin vint Savary qui résuma pour l’Empereur, l’opinion du Conseil de police, et présenta : L’exposé générai des faits et circonstances qui ont précédé, accompagné et suivi la Conspiration qui a éclaté à Paris, le 23 octobre. Il débute par un historique médiocre et peu documenté de la Conspiration de 1808, rejette sur Fouché et Dubois les indulgences dont la police a usé à l’égard de Malet, comme à l’égard de Lafon, qui a racolé pour Malet, Boutreux, Rateau et Caamano. Il raconte ensuite d’une façon exacte ce qui s’est passé, — sauf qu’il accorde une importance majeure à ce qui lui est personnel et que, sur divers points, ce récit immédiat diffère de celui qu’il a donné dans ses Mémoires II s’efforce comme les conseillers d’Etat, ses collaborateurs, de prouver que tous les torts incombent à la mauvaise organisation du militaire dans Paris, a la scission entre les deux polices, à l’inertie de la police militaire. — « L’adjudant-commandant Doucet prévenu de la débandade des troupes par la violence qu’on exerçait chez lui, resta tranquillement à son bureau toute la journée, sans monter à cheval, et envoya des ordres écrits à des troupes qui n’étaient plus dans leurs quartiers pour les recevoir, et qui sillonnaient Paris en tous sens pour se transporter dans les