Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prolonger la durée, au prix de leur propre existence. »

Lorsque le 27 octobre, sur l’ordre du duc de Feltre, Hulin lui adresse son rapport sur les faits qui se sont produits dans son hôtel, et à l’hôtel de l’Etat-major, jusqu’à l’arrestation de Malet, il a soin d’ajouter : « Lorsque l’on a conduit l’ex-général Malet de l’Etat-major au ministère de la Police générale, et de là à l’Abbaye, avec ses complices, un concours immense de citoyens de toutes les classes, sur le visage desquels l’indignation était peinte, accompagnait leur marche aux cris de vive l’Empereur ! On recueille tous les jours des preuves de dévouement que des citoyens de la capitale ont données dans cette occasion à Sa Majesté, les uns en venant offrir leurs services, les autres, en contribuant à l’arrestation de quelques complices de l’ex-général.

« Cet événement, loin d’avoir porté atteinte à l’opinion publique, semble, au contraire, l’avoir remontée. Elle est généralement bonne. »

Cet optimisme eût attiré des réserves, s’il ne s’était agi d’Hulin qui voyait gros. Ailleurs on était moins satisfait et l’on admettait que tout ne fût pas pour le mieux.

Le baron Pasquier ne revient pas sur les faits, trop connus, dit-il, pour avoir besoin de commentaires. « Il ne s’attache pas à disculper la police du tort que quelques-uns veulent lui imputer. » « Elle n’a pas prévu ce qui était imprévoyable ; elle n’a pas su ce que personne n’a révélé. Cette conspiration ayant commencé par l’action même, on ne voit pas comment il eût été possible de deviner une action qui a eu lieu sans antécédents qui l’aient annoncée. Enfin, cette action une fois commencée, ayant été toute militaire, il est évident pour quiconque connaît l’organisation des deux polices, civile et militaire, dans Paris, que la première a dû être paralysée jusqu’au moment où une force militaire supérieure à la force insurgée, a fait rentrer celle-ci dans le devoir. »

Pasquier ne méconnaît pas, loin de là, l’importance de l’événement : « Il a porté atteinte au prestige qui doit toujours environner le trône, il a mis en question si la monarchie était réellement fondée et s’il ne suffisait pas de la mort du Souverain régnant, pour détruire en un jour tout son ouvrage et toutes ses créations. Ce qui s’est passé n’est rien pour la personne de l’Empereur, cela est de la plus haute importance