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telle : en tête, Foch, près duquel Joffre, le grand semeur, représentait le » miracle de la Marne, » Foch sans morgue, l’œil toujours perçant et la bouche mordante, l’homme qui avait forcé l’événement et donné la victoire ; après que les représentants de nos alliés eurent défilé, Pétain s’avançant au milieu de l’amour des soldats, superbe de dignité simple, puis ses grands lieutenants, ces commandants de groupes d’armées et d’armées dont chacun évoquait tant de victoires dans la grande victoire. Et puis, précédée de ces chefs que la guerre a faits ou qu’elle a portés, de ces jeunes généraux qui, sans que leurs noms retentissent aux échos de la rue, avaient le droit de prendre leur part de cette gloire des grands chefs, flanquée de ces enfants qui ont conquis au feu leurs modestes galons, la masse des soldats bleus à l’ombre des drapeaux. Et au-dessus de tous, évoqués par notre piété reconnaissante, la grande nuée de ceux qui étaient, au cours de ces combats, morts héroïquement pour que la France vécût.

Le tableau était saisissant : le Génie conduisant la Vertu, la Vertu portant le Génie sous la voûte destinée par le grand Empereur à voir passer la Victoire.

C’était la bataille de France qui passait.


LOUIS MADELIN.