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Le 9, le 11e corps, de l’armée Gouraud, ayant occupé, dès l’aube, Francheville et le fort de Ayrelles, jeta ses avant-gardes sur Mohon : elles traversèrent la Meuse et pénétrèrent dans la citadelle de Mézières, tandis que le 9e corps parvenait dans les faubourgs de Sedan et jetait dans la ville quelques-uns de ses éléments.

Le télégramme de Foch en main, Gouraud donnait l’ordre de pousser, avec la dernière vigueur, la marche en avant. Le 10, on se contenta de pénétrer de toutes parts dans les faubourgs de Sedan. Le 11e corps qui avait reçu l’ordre de franchir la Meuse, fit en effet passer 3 bataillons entre Vrigne Meuse et Nouvion (Est de Sedan et Sud de Mézières). A l’Est de Mézières, le 11e corps se heurta aux mitrailleuses ennemies. L’Allemand, précisément parce que l’armistice se négociait, essayait d’en imposer. Mézières était, de 15 à 18 heures, violemment bombardé ; des obus incendiaires mirent le feu à l’hospice : c’étaient les adieux du kronprinz de Prusse à l’ancien Grand Quartier Impérial. Dans la nuit du 10 au 11, en pointe vers Sedan, Américains et Français pénétraient en masse dans la ville où l’on se battait avec une âpre violence. A cette heure, toute l’armée Gouraud bordait, de Sedan à Charleville, la Meuse, déjà franchie en plusieurs points.

L’armée Guillaumat occupait l’Est de Mézières. Le 9, le 4e corps avait enlevé Prix-lès-Mézières : l’escadron divisionnaire de la 8e division, ayant culbuté, à Villette, des détachements de mitrailleuses, pénétra dans les faubourgs Nord-Ouest de Charleville. Le 17e corps bordait plus à l’Est la Sormoune à Belval, faisait traverser la rivière par la 17e division, parvenait à Tournes. Le 21e corps enlevait Neufmaisons, passait la Sormoune à Ham-les-Moines, enlevait Cliron, dans la soirée. Le 10, brisant des résistances locales, la 5e armée atteignait, au soir, le front Charleville-Reuvez.

La 3e armée Humbert, plus à l’Ouest, emportant la ligne des forêts, bois d’Harcy, bois des Potées, forêt de Signy-le-Petit, marchait sur Rocroy qu’elle devait enlever le lendemain et portait son front des environs de Bourg-Fidèle à la lisière Est de la forêt de Signy.

Debeney, qui se liait à Humbert par sa droite, avait eu, le