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dépassant la route nationale d’Avesnes à Vervins au Nord de la Capelle, atteignant plus au Sud la voie ferrée La Capelle-Hirson, et enlevant, ce faisant, plus de 1 000 prisonniers. La résistance s’étant accentuée le 8, l’armée ne pouvait plus marcher à ce pas de géant. On avança, en se battant, de 3 kilomètres jusqu’à la ligne fort d’Hirson-Rue de Paris-Cantraine (Sud-Est d’Avesnes).

Les armées de Haig continuaient à marcher, dans le meilleur ordre, vers Solre, Maubeuge et Mons. Rawlinson — à gauche de Debeney — avait, le 7, occupé toute la région d’Avesnes et si le 8, devant la résistance allemande, il n’avait pu que progresser, lui aussi, d’une demi-lieue, il avait néanmoins partout avancé. Mais plus au Nord, les armées Byng et Horne, au contraire, n’ayant pu pousser très avant dans la journée du 7, — c’est là que s’amincissait la grande faux, — élargirent fortement leurs gains dans la journée du 8. « Pendant la nuit du 7 au 8, écrit sir Douglas Haig, de nombreuses explosions furent observées derrière les lignes allemandes et le lendemain matin, le 8e corps et le 1er… (des 1re et 5e armées) purent se porter en avant, occuper Condé et franchir l’Escaut sur un large front au Sud d’Antoing. Plus au Nord, l’ennemi abandonnait sa tête de pont de Tournai et la partie Ouest de la ville fut occupée par nos troupes. » Le soir du 8, les troupes britanniques occupaient une ligne Avenelles (est d’Avesnes)-Neumesnil (1 kilomètre ouest de Maubeuge) Dour — Condé en Escaut, leurs avant-gardes étaient dans les faubourgs de Maubeuge et de Tournai. Le grand effort du 9 allait lui livrer, avec les deux villes, les abords de Mons.

Enfin, à l’extrême gauche, les armées des Flandres s’étaient, le 8, remises en mouvement. Dès le matin, Britanniques et Français avaient franchi l’Escaut entre Eche et Audenarde, et ces armées ne se devaient plus arrêter.

Le cercle se complétait donc en se resserrant encore, et de toutes parts les armées allemandes en retraite étaient si vivement talonnées, qu’elles avaient dû, pour prévenir une débandade, faire front, nous venons de le voir, par leurs fortes arrière-gardes, un peu partout. La poursuite, à la vérité, n’en avait pas été arrêtée le 8, mais simplement ralentie. On abordait l’énorme zone boisée ou marécageuse qui ceinture les Ardennes. Et nous pouvions en être encore retardés. La bête