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centre et la droite de Rawlinson l’attaquaient du sud de Pommereuil à Oisy. Le passage fut forcé et les troupes du 4e corps poussées aussitôt sur Mézières, Heurtebise et la Folie qui, après une vive résistance, furent enlevées. Plus au Sud, le même corps, ayant pris Catillon, franchit la rivière en coup de surprise avec une extrême rapidité. A 7 heures 45, les Highlanders, sautant sur la rive droite, se jetaient sur Bois-l’Abbaye, Hautrève, La Goise et, tenus quelque temps en échec devant Fesmy, s’emparaient du village et le dépassaient largement.

Le 5 dès l’aube, la bataille était gagnée et dans les plus brillantes conditions. Près de 20 000 prisonniers et plus de 450 canons restaient entre les mains de nos alliés britanniques. La ligne de la Sambre était largement franchie de Landrecies jusqu’au coude d’Oisy, Landrecies et Valenciennes enlevées ainsi que la forêt de Mormal, Maubeuge, à gauche, et Avesnes, à droite, à très brève échéance menacées. Et telle était la violence du coup porté que, dès le 5, allait commencer le grand repli qui devait mener à ces villes et bien au delà les troupes de Douglas Haig, magnifique victoire après une bataille courte, mais âpre, où l’admirable vaillance britannique avait eu raison de tous les obstacles et qui, décidément, lui ouvrait toutes les voies — jusqu’à ce « retour à Mons » dont l’ancien lieutenant de Frehch, évoquant en esprit les sinistres journées d’août 1914, entendait faire la plus éclatante des revanches.


LA BATAILLE DE L’OISE A LA MEUSE
3-5 SEPTEMBRE

A la droite de Rawlinson, Debeney, sur le canal de la Sambre, avait, le 3 novembre, attaqué entre Oisy, au Nord et, au Sud, le confluent du Noirieu avec l’Oise (Sud de Grand. Verly). A cet endroit, l’Oise qui a coulé, depuis la Fère, du Sud-Ouest au Nord-Est, se coude brusquement vers le Sud, traverse Guise et prend là une nouvelle direction Ouest-Est jusqu’à Hirson. Son cours devient alors parallèle à celui de la Serre, mais à plus de vingt kilomètres au Nord. C’est dire que si Guise tombait, qui seule défend l’entrée de cette partie supérieure de l’Oise, la Serre n’était plus longtemps tenable et la Hunding parfaitement tournée. Il était donc inutile de poursuivre de front l’attaque de cette position en face