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Pour donner une idée de ce régime disparu, je dirai seulement que, d’après la loi du 25 mai 1910, réglementant la vente des sels de potasse dans toute l’Allemagne, la mine Amélie, la seule exploitée à ce moment, avait droit à un tantième de 14,74 millièmes (12,07 en 1913), dans la production totale de l’Empire : soit 9 000 tonnes de potasse pure, ou 45 000 tonnes de sels de potasse bruts, correspondant seulement à une extraction de 15 wagons par jour. Les coefficients beaucoup plus faibles des autres mines variaient de 2,87 à 3,59 pour 100.

Au moment où nous avons repris possession du pays, il existait en Alsace, quatre groupes divisés chacun en un certain nombre de « Gewerkschaften : » la Kali Sainte-Thérèse, société par actions à capital français ; la Deutsche Kaliwerke, émanation de Stassfurt, qui a racheté en 1910 la mine Amélie ; Wintershall (ou Laupenmuhle) ; Hohenzollern (appartenant à Roechling). Le gouvernement d’Alsace-Lorraine était intéressé dans les deux derniers. Capital total : 90 millions.

Je rappelle ici en quoi consiste ce type de la « Gewerkschaft, » que nous venons de rencontrer et qui peut offrir quelque intérêt dans l’avenir. En Allemagne, les seules sociétés dites Gesellschaften, sont soumises à un code de commerce uniforme pour tout l’Empire. La Gewerkschaft (qui s’applique seulement aux mines) constitue, au contraire, un type propre à chaque État confédéré. Elle est formée d’un certain nombre de parts, dont les propriétaires sont appelés à fournir les capitaux nécessaires au fur et à mesure des besoins. Le maintien d’une disposition semblable serait de nature à faciliter bien des problèmes miniers en Alsace-Lorraine.

En gros, on peut admettre qu’un tiers du gisement appartient, sous la forme d’une société allemande, à des capitaux français et le reste à un trust allemand, dans lequel les intérêts alsaciens et français ne sont pas négligeables.

Voyons maintenant ce qui va se passer dans l’Alsace redevenue française. Nous avons, pour envisager l’industrie potassique, le choix entre deux points de vue : celui de l’agriculteur qui consomme ; celui du mineur qui produit. Le premier représente évidemment, en principe et abstraction faite des décisions officielles qui ont pu être prises en Alsace, un intérêt plus général ; mais le second importe également à la richesse nationale et tous deux, quoiqu’au premier abord contradictoires,