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franchissait le premier réseau, mais se heurtait au deuxième, très dense et fortement battu par les mitrailleuses. ! Partout, on rencontrait une résistance tenace. Elle se faisait même agressive, car, le 26, il fallait repousser de violentes contre-attaques, et c’est en vain qu’on reprenait l’assaut. Sans doute se pouvait-on consoler en dénombrant 2 463 prisonniers, mais il fallait bien reconnaître que la Hunding était morceau difficile où mordre. Les 29, 30 et 31, l’armée allait, en dépit de ses vives attaques, ne faire que de très légers progrès.

Il en était de même sur le front de la 4e armée ; les 21, 22, 23 octobre, on avait dû repousser de violentes contre-attaques, et, du 23 au 31, l’armée stoppa, préparant une nouvelle opération d’ensemble sur la région du Chesne. L’armée américaine continuait, de son côté, à marquer le pas devant une défense désespérée.

L’ennemi, qui jouait son va-tout, y mettait un naturel acharnement. A la vérité, aucune armée ne perdait à l’attaquer son temps et sa peine. Le nombre des prisonniers faits à chaque attaque, même limitée, était un indice que si, sur des positions remarquablement organisées et bourrées de mitrailleuses, la défense pouvait, quelques jours, tenir en échec les assaillants les plus résolus, les défenseurs continuaient à subir une crise que rien n’enrayerait. Et chaque coup faisait une lézarde qui, compromettant la solidité du mur, le ferait soudain s’écrouler.


LOUIS MADELIN.