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l’« imprenable » forêt d’Houthulst fût, en quelques heures, tombée avec tout son matériel de défense et mille de ses défenseurs, cela seul indiquait que, partout, l’Allemand, attaqué, ne savait faire front qu’après un recul humiliant et de lourdes pertes. A ces attaques, l’armée allemande fondait rapidement et le moral, sans cesse abattu, en recevait de si cruelles atteintes qu’à la longue, il ne pouvait que décroître et se dissoudre.


L’OFFENSIVE ENTRE OISE ET VESLE
18 SEPTEMBRE-30 OCTOBRE

Cette impression se dégageait de tous les événements qui, depuis une semaine, se déroulaient de la Meuse à la mer.

Ils n’avaient pas seulement pour théâtre les trois grands champs de bataille où nous venons de voir les Alliés remporter des succès inégaux, mais tous gros de conséquences ; dans les régions de l’Aisne et de la Vesle, d’autres attaques de moindre envergure venaient d’imposer aux Allemands menacés un nouveau repli.

C’était encore le général Mangin qui, par un nouveau coup, avait engagé cette bataille. On sait qu’il s’était déjà enfoncé en coin dans ce tournant de la ligne Hindenburg qu’était le massif de Saint-Gobain : maître des forêts de Coucy, il essayait, depuis des jours, de pousser ce coin vers Laon, — où il arrivera sous peu, — dans l’espoir de déchausser cette pierre d’angle et, en attendant, de forcer l’ennemi, pris à revers sur le Chemin des Dames, à évacuer le pays d’entre Vesle et Aisne. Ayant conquis les plateaux immédiatement au nord de Soissons, Mangin poussait vers ce fort de Malmaison qui, — la chose avait été prouvée en octobre 1917, — était, ainsi que l’avait alors pensé Pétain, la vraie clé du célèbre « Chemin. » Or, le 28 septembre, un déserteur lorrain capturé fit connaître que l’ennemi allait, par un repli vers le canal de l’Aisne à l’Oise, essayer de se dérober. Mangin jeta ses troupes aux trousses de l’ennemi ; elles avancèrent à coups de fusil jusqu’au front Pinon — lisières Sud de la forêt de Pinon-Chavignon-hauteurs à l’Ouest de Pargny-Filain-Ouest de la Ferme de la Royère et le cours de l’Aisne à Vailly : le fort de la Malmaison tombait entre nos mains Cette poursuite talonnante se continuait