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approches de Cambrai entre le canal du Nord et le canal de l’Escaut. Haig avait décidé de réduire avant toutes choses ces positions. Un bombardement énergique commencerait dans la nuit du 26 au 27 pour faciliter l’attaque des 1re et 3e armées. Pour que l’ennemi ne fût point fixé sur le point précis de l’attaque, ce bombardement serait général sur tout le front des trois armées, de la Sensée au Nord de Saint-Quentin.

Le 27, l’infanterie des 3e et 1re armées britanniques partit à l’assaut. C’étaient les 4e, 6e, 7e corps et les Canadiens qui attaquaient en direction de Cambrai sur un front de 16 kilomètres, de Gouzeaucourt aux abords de Sauchy-Lestrée. Avec raison, le maréchal Haig faisait dépendre le succès de la partie Nord de l’attaque de la possibilité pour les troupes de déboucher dans la région de Mœuvres et de s’emparer des passages du canal du Nord existant dans cette région... « La partie Nord du canal, écrit-il, était un obstacle trop formidable pour être traversée en présence de l’ennemi. Les divisions d’attaque avaient donc dû se frayer un passage près de Mœuvres sur un front relativement étroit et faire tomber ensuite la ligne du canal plus au Nord par une attaque divergente s’ouvrant en éventail aussitôt après le franchissement. Cette manœuvre difficile fut heureusement exécutée et sur tout le front d’attaque, notre infanterie, appuyée par 65 tanks environ, fît une irruption profonde dans la position ennemie. »

La droite rencontra vers Beaucamp une très forte résistance en dépit de laquelle les Britanniques purent, entre ce village et Ribécourt, établir la couverture de l’attaque déchaînée plus au Sud.

Il fallait de toute nécessité se rendre maître du canal. L’Allemand était décidé à le défendre à tout prix, se fiant à la formidable ligne de mitrailleuses et de canons de campagne, qui en interdisaient l’accès et même l’abord. Sans souci de ce rideau de feu, la garde anglaise força les passages, avança sur la rive Est, s’empara de Ribécourt et de Flesquières, enleva le bois d’Orival et attaqua les abords de la Chapelle de Prégny. A sa gauche, une division (la 52e ) avait d’abord une tâche plus aisée, car on y tenait des têtes de pont ; mais, ayant franchi le canal sur les passerelles établies, elle dut ensuite se jeter sur les hauteurs qui dominaient Graineourt. Cependant, trois autres divisions qui, à la faveur de l’obscurité, avaient occupé la rive