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la Grurie et, laissent se creuser un saillant devant Varennes, à Very (Nord-Est de Varennes), au pied du piton de Montfaucon, à Septsarges et au bois du Juré ; l’avance variait de 5 à 7 kilomètres de profondeur sur un front de 60.

L’ennemi ayant, dans la nuit du 26 au 27, fort peu réagi, l’attaque fut reprise le 27. La journée allait être chaude. Le 14e corps couvrant la gauche de Gouraud dans la région d’Auberive, le 38e , opérant à la droite, continua à progresser dans la vallée de l’Aisne, le long de l’Argonne, en liaison avec les Américains, Grandpré demeurant l’objectif commun. Entre le 14e et le 38e, les autres corps, conservant leur mission de rupture, attaquaient dans l’après-midi en direction du Nord. L’ennemi opposa la résistance qu’on pouvait attendre : des nids de mitrailleuses, utilisant des organisations depuis longtemps préparées, semaient le terrain ; de vigoureuses contre-attaques répondaient à nos moindres succès : le 14e corps, en particulier, se heurtait vers la Py à une défense acharnée ; à peine si la 28e division progressait vers Sainte-Marie à Py ; le 11e corps dut faire marcher ses chars pour reconquérir le terrain que des contre-attaques ennemies lui avaient repris ; le 21e corps ne franchit la voie ferrée au Nord de Tahure qu’au prix des plus grands efforts. Le 2e corps devait emporter le plateau de Gratreuil (au Nord de la région de Massige), dont l’abord était fort difficile aux chars d’assaut. La 2e division du Maroc, corps d’élite, éprouva des difficultés extrêmes à réduire les « organisations de la Limace. » Le 11e corps, néanmoins, emporta et dépassa Gratreuil. Mais le 38e sur les premières pentes de l’Argonne avançait maintenant très lentement dans un maquis marécageux. Tous les corps n’en avaient pas moins progressé peu ou prou. La ligne atteignait le Sud de Sainte-Marie à Py et de Somme-Py, la Croix-Saint-Walfroy, Gratreuil, le bois de Cernay, le sud de Binarville ; et 3 000 prisonniers restaient entre les mains de l’armée Gouraud.

Mais les Américains, après la belle avance du 26, marquaient le pas en Argonne. Le terrain, à la vérité, était, je le répète, fort ingrat : tous ceux d’entre nous qui ont vécu dans ce petit massif ou l’ont simplement visité, savent quel monde d’obstacles s’y dresse : ravins, bas-fonds, fourrés, le tout exploité par une défense qui depuis quatre ans se pouvait fortifier sans être inquiétée, pareille à celle que nous avions