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pellagre, la maladie de Barlow, etc. Beaucoup de médecins cédant à une tendance vieille comme le monde ont eu même une propension à ranger parmi les avitaminoses une foule de malaises dont on n’apercevait pas la cause. Une hypothèse nouvelle et vague est toujours un bouche-trou bien commode pour obturer les discontinuités de nos connaissances.

Quoi qu’il en soit de tout cela où il y a, comme nous verrons tout à l’heure, une part de vérité, certains physiologistes ont cru pouvoir affirmer qu’il y avait un grand nombre de vitamines différentes et en particulier qu’il y en avait autant que de maladies par carence, chacune étant spécifique d’une de nos maladies.

Les travaux de Max Collum et de son école ont définitivement ruiné cette conception et établi que tous les besoins alimentaires nécessaires à la croissance des mammifères sont entièrement satisfaits par l’apport (en dehors de l’eau et de l’air) :

1° D’une quantité suffisante de calorique sous forme d’hydrate de carbone et de graisse.

2° D’une quantité suffisante d’aliments azotés contenant les acides aminés nécessaires.

3° D’une quantité suffisante de sels minéraux.

4 » D’une quantité suffisante des vitamines A et B.

Si toutes ces conditions sont réalisées, il ne peut y avoir d’avitaminose.


Au point de vue pratique, des conséquences importantes découlent de ce qui précède.

En ce qui concerne d’abord l’alimentation des enfants, il est certain qu’une nourriture trop exclusivement stérilisée peut amener chez eux les troubles les plus graves. Les nourrissons trop longtemps maintenus au régime du lait stérilisé et des farines hautement blutées (c’est-à-dire dépourvues du son porteur des vitamines) présentent tôt ou tard de l’anémie et du dépérissement. Ce n’est pas seulement l’aliment de l’enfant qui ne doit pas être dépourvu de ces vitamines, mais aussi celui de la nourrice, car il est maintenant prouvé que le lait d’une femme privée de vitamines n’en contient pas non plus.

Le scorbut infantile relève évidemment des mêmes causes. Il a été observé surtout dans les pays (Allemagne, États-Unis) où l’on abuse des préparations de lait concentré et de farines lactées. Contrairement au rachitisme qui est presque exclusivement l’apanage