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britannique enfermait le général Foch. Celui-ci était, en principe, nous le suivons, toujours pour qu’on « tint où l’on était. » Sans doute était-il scabreux d’amener vers le Nord trop de forces françaises ; car quelle que fût l’importance que semblait prendre l’action des Flandres, elle pouvait ne rester, pour l’Etat-Major allemand, qu’une puissante diversion et l’offensive, après avoir paru se porter au Nord, pouvait se produire au Sud du champ de bataille de mars. C’est ce qu’on pensait au Grand Quartier français. Mais le littoral du Pas-de-Calais préoccupait trop le nouveau général en chef des Armées alliées, pour qu’il consentit de gaité de cœur à laisser d’une façon si sensible, l’ennemi approcher Dunkerque, Boulogne et Calais. Il cherchait, à la vérité, à concilier les tendances, en ce moment divergentes, des États-Majors alliés, et surtout, — car il n’était pas homme à se laisser influencer, — à concilier les intérêts complexes de l’énorme bataille, pour de si longs mois, engagée. Il avait sollicité l’intervention de l’Armée Belge sous la forme d’une extension de son front susceptible de rendre à l’Armée Britannique quelques divisions ; il alla lui-même — comme aux jours héroïques d’octobre 1914 — rendre visite au roi Albert : celui-ci, sans doute, échappait à son autorité, n’ayant point participé au pacte de Doullens ; mais on sait que jamais appel n’était fait en vain à la conscience du prince ; Foch sortit de l’entrevue assuré que les positions de l’Yser au Kemmel pouvaient tenir et, plus persuadé que jamais qu’il les fallait maintenir, il courut voir Plumer, voir Robillot, revoir Haig. Il leur traça un plan de défensive : il fallait « assurer à tout prix l’occupation du massif Keramel-Mont-Noir-Mont des Cats, » mais, pour ce, garder ou reconquérir le bas des pentes et, si possible, les crêtes abandonnées en avant. Il fournirait derechef des divisions françaises ; encore fallait-il qu’elles ne trouvassent point la partie par trop compromise, notamment autour du mont Kemmel.

Il adressa-aux armées la Note qui fixait les principes d’après lesquels devait être, à son sens, conduite la bataille défensive. Plus un pouce de terrain à perdre sur le front britannique : « qu’il s’agit de fermer à l’ennemi la route de Calais, ou de couvrir la région des mines, le nœud de chemin de fer d’Amiens ou la voie ferrée Paris-Amiens, » la défense devait se faire « pied à pied, » établie sur « des organisations défensives répétées, »