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était cependant terminée. Les Britanniques avaient pénétré de plus de 5 kilomètres en profondeur le long de la route d’Arras à Cambrai et atteint les lisières de Buissy.

La conséquence de cet heureux assaut ne pouvait tarder vingt-quatre heures à se produire. Buissy constituait maintenant le sommet d’un saillant qui, pénétrant profondément dans les positions allemandes, les menaçait au Nord, tandis que la perte de Péronne, le même jour, les découvrait au Sud. Brusquement, l’ennemi se décida à un repli qui, commencé dès le soir de sa défaite, le ramenait, en moins de cinq jours, sur la ligne générale Vermand-Epehy-Havrincourt et la rive Est du canal du Nord.

Les 3e et 4e armées britanniques avaient de telle façon talonné cette retraite qu’elles en avaient rendu l’arrêt impossible sur cette ligne de la Tortille où l’on avait pensé que l’ennemi tenterait peut-être d’asseoir sa résistance : de violents combats avaient sans cesse réduit à lâcher pied et parfois à se rendre les arrière-gardes ennemies, et c’était dans un indescriptible désarroi que les Allemands atteignaient enfin, le 8 septembre, la ligne qu’à la vérité ils déclaraient « imprenable, » — l’ « incomparable » position Hindenburg.


Ils avaient été contraints, par ailleurs, à se replier plus au Sud par l’attaque très rude des armées de Fayolle dans la région de l’Oise.

Le 29, la 3e armée Humbert s’étant, en dépit de la résistance la plus tenace, emparée de Noyon, avait dépassé la ville, emporté, le 30, le Mont Siméon âprement défendu et après vingt-quatre heures de combat ininterrompu, enlevé les bois du Quesnoy et de Beaurains, puis Genvry et Chevilly.

A la droite d’Humbert, Mangin avait, ce 29, derechef pris l’offensive au Nord de l’Aisne où, quelques heures, il rencontrait la plus vive résistance ; il n’en avait pas moins emporté les plateaux de Juvigny et de Chavigny et occupé, le 30, au Nord de Soissons, la ligne Juvigny-Crouy, progressé, le 31, au prix de rudes efforts, sur les hauteurs de Terny, enlevé le village de Leury, puis, le 1er septembre, Crécy-au-Mont et pris pied dans les bois de Coucy, occupé, .e 2, le Paradis, Leuilly, la fameuse croupe Nord Est de Crouy et la lisière Sud-Ouest de Bucy-le-Long,