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Les Britanniques engageront des opérations destinées, d’une part, à dégager la région des mines du Nord et, de l’autre, il écarter l’ennemi de la région de Dunkerque et de Calais. n’est la bataille portée au delà de Dixmude, d’Ypres, d’Armentières.

Il ne s’agit point seulement de reconquérir les points utiles : l’important est de désorganiser l’action militaire allemande. « Menées à court intervalle, » ces offensives troubleront l’ennemi dans le jeu de ses réserves et ne lui laisseront pas le temps de refaire ses unités.

Le Mémoire, lumineux et ferme de ton, affecte, en dépit des grandes vues qu’on y devine, des allures assez modestes : les opérations seront limitées dans leur étendue, limitées dans leurs moyens. En réalité, il n’en est pas une qui ne soit l’amorce de manœuvres plus décisives et de plus large envergure. Au fond, toute la future directive du 3 septembre, — la célèbre directive du 3 septembre acheminant elle-même aux directives des 10 et 19 octobre, — est en puissance dans ce Mémoire du 24 juillet qui, fort modéré aux yeux du Général en chef, a d’abord paru à ses lieutenants aussi considérable qu’audacieux. Au delà de l’opération sur la Somme, un Foch aperçoit déjà l’abordage de la ligne Hindenburg de Cambrai à La Fère, au delà des opérations sur la Lys, la marche sur l’Escaut, comme au delà des opérations de Woëvre, — c’est le seul point où, malgré tout, sa pensée se fait complètement jour, — la manœuvre sur la Meuse et sur la Moselle. A l’heure où l’armée Mitry repasse seulement, — nous savons au prix de quelles difficultés, — la Marne, où Berthelot arrive à peine à dégager la Montagne de Reims, où Degoutte en est encore à pénétrer dans le Tardenois et Mangin dans Soissons, Foch a déjà sous les yeux, — car il y a dans tout homme de génie un visionnaire, — les armées allemandes assaillies des Flandres à la Lorraine.

Ce large plan d’offensive s’imposait aux chefs Alliés : ils s’y ralliaient dès le 24 sans arrière-pensée et il faut y insister : l’adhésion très franche d’un maréchal Haig à ces projets était peut-être, — après la fermeté d’un Foch, — le meilleur atout en ce magnifique jeu. Or il semble, à entendre Haig lui-même, qu’il ait, dès ces premières heures, non seulement adhéré aux projets formulés, mais aux vues plus lointaines. Le succès de