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annexes : laiterie, fromagerie, beurrerie qui sont, de tradition, son domaine réservé. Un peu de science se mêlera à cette tradition. Et des écoles, telle Grignon, et par suite des carrières se sont ouvertes et s’ouvriront. La Russie a déjà des femmes ingénieurs-agronomes. et notre Institut national Agronomique promet de nous en donner en France.

Ces carrières gardent un caractère féminin. Mais on ne se contente pas de celles qu’une éternelle vocation suggère. On cherche. Des bureaux de placement féminin, sous des formes et des noms divers, mènent la même campagne : « Secrétariat féminin, » « Ligue des femmes de profession libérale, » « Office de l’activité féminine. » Les associations d’anciennes élèves de nos lycées pratiquent à leur tour des sondages de tous côtés. Une école s’est fondée, l’école Rachel, pour orienter les femmes vers des carrières nouvelles, et elle ajoute section à section : prothèse dentaire, orthopédie, photographie avec le minutieux et lucratif travail des retouches, manipulations de laboratoires. — Les administrations et les industries offrent à l’invasion féminine des emplois de secrétaires presque à l’infini. Déjà des femmes étaient employées dans l’administration des chemins de fer et des P. T. T. Pourquoi pas dans d’autres administrations ? Une préparation aux carrières administratives vient en effet de s’organiser pour elles. Les banques se peuplent aussi de femmes, et nous les voyons faire des bordereaux avec rapidité, et même avec complaisance. Elles ont pénétré dans certains bureaux par la porte basse de la dactylographie. Puis on s’est aperçu qu’elles étaient capables de faire autre chose, et on leur a demandé autre chose. Il y a des femmes dans les bureaux les plus respectueux des traditions, je veux dire ceux de l’Instruction publique. Dans le conservatoire même de ces traditions, à l’Institut, il y en a deux. — Les dessinatrices, espèce encore rare, trouvent des tabourets dans les ateliers des architectes ; elles en trouveront, à peu près à discrétion, dans les grandes industries comme le Creusot et les Chantiers de la Gironde. — Le commerce de la librairie, où d’ailleurs les femmes ont leur entrée depuis longtemps, procurera aux plus cultivées l’illusion d’une carrière libérale ; par, par le contact des livres, on entre dans la confrérie de ceux qui les lisent et même de ceux qui les font. De plus, ce commerce tend justement à se renouveler et à s’élargir pour