Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cromwells dans ce Corse affreux I » Sa lettre du 27 brumaire (18 novembre 1799) n’ayant pas reçu de réponse, il écrit de nouveau le 2 pluviôse (22 janvier), et, ayant appris que le ministre Alexandre Berthier a écrit en marge de sa première réclamation : « Ajourné jusqu’à ce que cet officier ait mérité l’objet de sa demande par quelque action d’éclat, » il adresse, le 4 ventôse (23 février), une nouvelle demande où il énumère les succès qu’il a obtenus dans vingt-neuf années de services avec le grade d’officier, huit années de campagne dont sept en qualité d’adjudant général et sept mois dans le grade de général de brigade. « La réponse du ministre, dit-il, pourrait laisser penser à ceux de qui je ne suis pas connu que je n’ai servi que d’une manière obscure et que ma nomination n’a été que le résultat de la faveur. » Il est impossible d’aller plus maladroitement au-devant d’une constatation qui s’impose si l’on compare les actions de guerre des généraux de brigade nouvellement promus. Mais Malet ajoute à cet exposé de ses services cette phrase énigmatique : « Si ce succès n’a pas eu plus de suite, c’est que cela a tenu à des plans particuliers dont sûrement vous connaissez actuellement les causes. » Contre qui est dirigée l’attaque ? Le Directoire ou Championnet ? En tout cas, Malet avait assez de protecteurs pour qu’on ne lui tînt point rigueur : le Premier Consul signa le brevet.

Malet fut désigné pour commander une brigade à la deuxième Armée de réserve qui se rassemblait à Dijon et qui eut pour chef le général Brune. Il y parut seulement le 11 thermidor an VIII (30 juillet). Par suite, la légende selon laquelle il eût participé à un complot ayant pour objet d’enlever ou d’assassiner le Premier Consul ne repose sur aucune donnée acceptable. La victoire de Marengo avait été remportée le 25 messidor (14 juin) et le Premier Consul était presque aussitôt après rentré à Paris.

A l’Armée de réserve, devenue Armée des Grisons et passée sous le commandement du général Macdonald, le général Malet n’eut point d’occasion de se distinguer. Il semble pourtant avoir résumé avec lucidité les reconnaissances faites par divers adjudants commandants dans une partie des montagnes. Après la dislocation de l’armée, il parut destiné à rester à Berne pour commander une brigade de la division Montchoisy (floréal an IX — mai 1801) ; mais, la place n’étant pas libre, il rentra