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AUTRES POSSESSIONS FRANÇAISES

Ordonner nos colonies du Pacifique autour de l’Indo-Chine, par exemple pour leurs transports en provenance ou à destination de la métropole, paraîtra peut-être une idée révolutionnaire. On conviendra cependant, à la réflexion, que ces archipels, perdus dans le grand Océan, enclaves maritimes entre les groupes économiques puissants des États-Unis, de l’Australasie britannique, des sociétés sino-japonaises, doivent être rattachés au centre d’influence française le plus proche, qui n’est autre que l’Indo-Chine ; il y aurait là une extension moderne de ce que Dupleix appelait le commerce d’Inde en Inde. La Nouvelle-Calédonie partage avec le Canada le presque monopole des mines de nickel ; elle possède aussi des gisements considérables de chrome et de cobalt. Ce sont des éléments de transactions directes avec la métropole, surtout depuis qu’on a doté notre île de hauts-fourneaux pour la réduction des minerais de nickel.

Mais pour les produits non spéciaux de la culture et de l’élevage, s’il est naturel que la Métropole admette à d’autres conditions que les similaires de l’étranger, les cafés, les viandes, les coprahs, la nacre de ses colonies du Pacifique, il est clair que les acheteurs seront de préférence des voisins moins éloignés que la France. Attachons-nous donc, plutôt qu’à contrarier ces relations nécessaires, à les marquer d’un caractère d’entreprises françaises, notamment par des concours, tant européens qu’indigènes, capitaux, main-d’œuvre, navigation, qui s’appuieraient sur notre Indo-Chine.

Nos possessions américaines ne sont que des îlots français en bordure d’un continent étranger dont elles dépendent étroitement. Rien de mieux que de maintenir dans notre législation métropolitaine des faveurs domestiques pour les produits de pêche de Saint-Pierre et Miquelon, pour les sucres et les rhums des Antilles, de nous réserver par privilège l’or de la Guyane. Mais il faut penser aussi à organiser la vie active de ces domaines dans leur milieu américain. Nos Antilles sont très peuplées ; nombre de leurs citoyens, parmi les plus intelligents et les plus instruits, sont dégoûtés de la triste industrie politique, et disposés à se faire les représentants d’entreprises métropolitaines dans toute l’Amérique tropicale ; ces bonnes