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France. L’exportation de l’or, qui avait atteint 3 645 kilos en 1909, est tombée à 921 en 1917, beaucoup d’exploitations ayant été abandonnées du fait de la guerre ; une reprise prochaine est probable ; les procédés rudimentaires des indigènes permettent d’écrémer sans grands frais des placers à teneur médiocre. Les pierres précieuses, sauf quelques trouvailles, m seraient pas comparables à celles du Rand africander ; en revanche, les hauteurs volcaniques de l’Ankaratra possèderaient des poches intéressantes de minerais rares. Le gros lot a été dans ces dernières années, le graphite : l’exportation a passé de 19 tonnes en 1909 à près de 28 000 en 1917 ; ce chiffre eût été beaucoup dépassé sans la pénurie des frets maritimes. Le graphite est demandé pour l’élaboration des briques réfractaires, de appareils à phosphorer le bronze, à brasser les alliages, etc.. même en tenant compte de la hausse prochaine de la métallurgie française, Madagascar devra chercher des débouchés extérieurs lorsque nos usiniers auront été pourvus ; nos négociateurs économiques devront la faire entrer en ligne à côté de Ceylan, sa concurrente, par exemple pour les fourniture contrôlées aux industriels allemands.

Pays d’élevage, Madagascar peut ravitailler en viande les petites îles de l’Océan indien, Réunion, Maurice, Comores et surtout l’Afrique Australe, qui passait dernièrement des commandes à la République Argentine. On estime à 150 000 têtes l’effectif annuellement disponible de son troupeau bovin ; l’exportation en France, viande congelée ou conservée, est probablement moins recommandable en raison de la distance que la vente à des clients tout proches et d’ailleurs très exigeants. Aux industriels de France seraient envoyés les sous-produits de l’élevage, notamment cuirs et peaux, d’autant mieux que la grande île abonde en écorces et plantes à tannin.

De même qu’en A. O. F. pour l’arachide, le chemin de fer à Madagascar a fait pousser du riz sur les plateaux intérieurs ; importatrice naguère, la colonie exportait 5 000 tonnes de riz en 1911, 31 000 en 1916, et disposera bientôt de 100 000 tonnes par an ; les débouchés sont assurés sur tout le pourtour occidental de l’Océan indien. Ajoutons le manioc pour tapioca, amidon alcool, — le maïs, qui alimente la Réunion, — les légumes secs qui, sous le nom de « pois du Cap, » pénètrent en Angleterre, — les bois dont beaucoup sont marchands sur les places métropolitaines, —