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avec lesquels il n’avait aucun rapport, une délibération qui légitimât plus ou moins ses actes, mais ce serait assez que l’on crût que cette délibération existait, et il la supposa. Il devait aller vite. Son procès était instruit, l’arrêt allait être rendu. Il allait être destitué, déshonoré, jeté hors de l’armée, sans pain pour sa femme, pour son (ils, pour lui, incapable d’un métier quel qu’il fût. Il aura quatre jours pour faire son coup, — quatre jours, pas plus, — mais ne suffisait-il pas de quatre heures, et quel temps fallut-il en Thermidor pour abattre Robespierre, quel temps en Brumaire pour abattre le Directoire ?


LES PRÉPARATIFS

L’Empereur a quitté Saint-Cloud le 2 Avril ; il est arrivé le 4 à Bordeaux où il est resté jusqu’au 13. Le 15, il entre à Bayonne, et, le 17, il s’installe au château de Marrac où il séjournera jusqu’au 22 juillet. Pas de ligne télégraphique établie en direction des Pyrénées. Il n’y a que le courrier. Si vite qu’il marche, il lui faut deux jours à l’aller, deux au retour. Avec cela, Malet a le temps qu’il lui faut. Parti sous l’empire de Napoléon, le courrier trouvera en revenant la dictature de Malet. Question de chance. Il suffit que Paris, — le Paris gobe-mouches, — y croie. Voici l’histoire telle qu’il l’a combinée et telle que ses papiers la racontent.


SÉNAT-CONSERVATEUR

Sénatus-consulte qui met hors la loi Napoléon Bonaparte et nomme une dictature en France.

Le Sénat-Conservateur extraordinairement assemblé,

Considérant que Napoléon Buonaparte a trahi les intérêts du peuple français, qu’il s’est joué de la liberté publique, de la fortune et de la vie des citoyens ;

Que l’agriculture, le commerce et l’industrie sont anéantis par la dépopulation et l’excès des impôts ;

Qu’une guerre ruineuse, prolongée par la perfidie, la soif de l’or et la fureur des conquêtes, sert d’aliment au délire ambitieux d’un seul homme et à la cupidité sans frein d’une poignée d’esclaves ;

Que toutes les sources de la vie politique se tarissent de