Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au début, être salué comme un bienfait, non seulement par l’optimisme officiel, mais encore par les observateurs impartiaux. Le gouvernement des derniers Antonins, spécialement celui de Marc-Aurèle, avait été juste et clairvoyant, mais très faible, lent, peu actif, comme le sont souvent les gouvernements des aristocraties vieillissantes. Le gouvernement de Septime Sévère fut agile, résolu, plein d’initiatives hardies, comme peut l’être la dictature d’un guerrier fortuné, intelligent et doué des qualités du véritable homme d’État.

Mais les dangers que la révolution accomplie par lui portait dans son sein, apparurent quand, Septime Sévère mort, l’instrument si bien manié par lui, passa en des mains plus faibles. Il avait laissé le pouvoir, comme chose lui appartenant, à ses deux fils Caracalla et Geta. Ses deux héritiers ne s’accordèrent pas ; Caracalla assassina son frère, et, demeuré seul maître de l’Empire, fut à son tour peu de temps après victime d’une conjuration militaire. Après sa mort, les légions proclamèrent empereur le préfet du prétoire, Marc Opelius Macrin, qui n’était pas sénateur, mais simple chevalier. C’est la première fois que les soldats osaient prendre un empereur hors des rangs du Sénat. Mais la proclamation des soldats, bien que Mommsen ait fort légèrement affirmé le contraire, n’était pas un titre légal d’autorité ayant une valeur quelconque sans l’investiture sénatoriale. Elle ne conférait qu’un pouvoir de fait, fragile et incertain : ce qu’un groupe de légions avait donné, pouvait être contesté par un autre groupe si l’empereur choisi n’était pas un homme très fort et jouissant d’un grand prestige personnel. En effet, Macrin chercha à s’assurer la ratification du Sénat. Mais pendant qu’il négociait et manœuvrait pour faire légitimer son autorité, une autre révolte militaire, fomentée par la famille de Septime Sévère, le renversait, et proclamait empereur Héliogabale, neveu de Septime Sévère. Agé à peine de quatorze ans, Héliogabale ne se maintint pas longtemps au pouvoir, n’ayant pour gouverner d’autre titre que la faveur mobile des soldats. Au bout de quatre ans, ceux-là même qui l’avaient élevé le renversaient et il ne resta comme empereur que le cousin d’Héliogabale, Alexandre Sévère, que, peu auparavant, sa famille et les soldats avaient d’autorité associé à Héliogabale. Mais ces révolutions militaires