Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

région pittoresque et de recueillir, chemin faisant, des renseignements qui ne concernaient pas toujours la flore et la faune des Alpes. L’Université devint une succursale de l’Ecole Berlitz et les études y tombèrent au niveau de l’enseignement secondaire. Beaucoup d’étrangers pourraient être tentés de se faire inscrire à Strasbourg, pour y prendre en même temps des leçons d’allemand et de français (quelle aubaine !) tout en pédalant à travers les Vosges et la Forêt-Noire. Il serait sans doute absurde de vouloir asservir les étrangers aux programmes de nos examens ; on instituera pour eux des examens et des titres spéciaux : la loi le permet ; mais une sélection rigoureuse écartera les amateurs de villégiature ; il suffira d’une entente avec les Universités étrangères qui expédieront leurs étudiants en Alsace.


Les ressources. — Il en faudra de considérables pour rémunérer les maîtres, outiller les laboratoires, attirer les étudiants.

Le budget de l’Université pour 1914 était de 2 084 444 marks (2 605 555 francs) qui se décomposaient ainsi : ressources diverses, 480 117 marks ; subvention de l’Empire, 400 000 marks ; sommes fournies par l’Alsace-Lorraine, 1 504 327 marks. L’Alsace-Lorraine supportait donc les trois quarts de la dépense. L’Alsace ne sera plus désormais en état d’assumer une part aussi lourde du budget universitaire qui, naturellement, comme tous les budgets, sera deux fois plus élevé qu’en 1914. Nous disons : l’Alsace, c’est-à-dire les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, car il est à penser que la Lorraine se désintéressera peu à peu de l’Université. La charge la plus importante retombera donc sur l’État. Déjà M. Millerand a annoncé son intention de demander aux Chambres une dotation de 27 millions. Sur ce capital on pourra achever les constructions en cours, édifier certains bâtiments indispensables, créer un fonds de réserve pour les améliorations futures. Mais les dépenses annuelles (traitements des professeurs, entretien des laboratoires et des bibliothèques) s’accroîtront sans cesse. On plaidera, sans doute, qu’il ne s’agit pas là d’une Université régionale, mais d’une Université nationale dont la destinée intéresse la France entière. Il n’en faudra pas moins compter avec la jalousie des autres Universités qui se plaindront de la situation privilégiée faite à l’Université alsacienne.

L’avenir ne sera assuré que si les particuliers s’en mêlent,