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en aura-t-il quatre ? Non point parce qu’il y a quatre plénipotentiaires suprêmes et que chacun d’eux doit soumettre aux autres un projet de traité complet, mais parce qu’il y a eu quatre Puissances en guerre contre l’Entente et ses associés. « La France, insinue le New York Herald, témoigne quelque hésitation à adopter la procédure du traité unique, car elle retarderait le règlement avec l’Allemagne. Mais, d’autre part, les partisans de cette façon de procéder font observer qu’elle aurait l’avantage de lier les anciens Alliés, qui deviendraient ainsi solidaires des conséquences qu’entraîneraient les décisions prises par la Conférence. » Au demeurant, comme « il n’est pas encore certain, remarque une note française du même jour, que toutes les Puissances ennemies seront invitées à signer la paix en même temps et que les traités à conclure avec elles seront réunis en un instrument unique, » il est certain, par conséquent, qu’aucune décision n’a encore été prise et que les Quatre n’ont pas encore décidé ce que la Conférence déciderait.

Laissons-les à leurs réflexions, dans lesquelles on comprend qu’il y ait un fort mélange d’incertitude, tant les problèmes sont ardus, multiples, compliqués, et tant il serait téméraire de se représenter un Conclave d’esprits, n’en fallût-il que quatre, qui fussent capables de les embrasser tous en tous les coins et sous toutes, les faces de leur immensité. Laissons le Consistoire des Cinq ministres des Affaires étrangères (exactement quatre ministres et un délégué japonais, M. Makino), qui siège à l’étage au-dessous, dégrossissant les questions secondaires, et la Sacrée Congrégation des Trois, dernière émanation des Quatre, qui, dans les combles, est chargée de mettre au point de la réalité et de la possibilité les solutions politiques de telle ou telle question technique. Laissons-les en leur solitude qui se repeuple, puisque Quatre, puis Cinq, puis Trois, les Quatre sont déjà Douze, — un Cénacle, — et prenons ces questions elles-mêmes ou quelques-unes de ces questions, celles dont des indiscrétions vivement ressenties, quoique prudemment mesurées, font soupçonner que les Quatre, ou les Cinq, ou les Trois, ont eu l’occasion de s’occuper.

En relevant jour par jour ces indiscrétions, que commettent le plus généralement les correspondants à Paris de la presse américaine ou de la presse anglaise, il semble, il paraît, on croit savoir que dès sa première réunion, le 26 mars, le Conseil des Quatre s’est entretenu de la question des réparations et des indemnités. Ils seraient « virtuellement tombés d’accord, » ce qui leur aurait permis d’aborder sur-le-champ la question de la frontière Franco-allemande. Ensuite viendrait