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RÉFLEXIONS
SUR
L’AVENIR FINANCIER

Tant que dura la guerre, l’avenir financier pouvait à bon droit sembler très sombre : la gloire de nos armes victorieuses nous le fit un moment oublier. Est-il besoin de dire qu’il ne serait guère sage de nous le représenter aujourd’hui sous de trop riantes couleurs, avec l’idée qu’à elle seule la Victoire, « en chantant, » et comme par enchantement, arrangera toutes choses, et qu’il n’y a plus à s’inquiéter de rien ? Il convient, croyons-nous, d’éviter ici un excès d’optimisme, en même temps qu’un pessimisme si l’on peut dire « défaitiste, » et de se rendre compte que, la guerre finie, c’est maintenant que s’ouvre l’ère la plus critique de notre épreuve financière : redoutable épreuve qui ne sera finalement surmontée qu’au prix d’efforts acharnés et de lourds sacrifices, au prix de l’abnégation, de la sagesse et de la prévoyance de tous, de nos gouvernants tout en premier. Il va falloir non seulement subvenir aux besoins de la liquidation, procéder à la restauration monétaire de la France et à la consolidation de la dette flottante, pourvoir au déficit de notre balance économique vis-à-vis de l’étranger, mais encore faire face aux énormes charges de la nouvelle dette de guerre. L’impôt n’écrasera-t-il pas fatalement le pays ? Notre budget « civil » de 1918 s’élevait à huit milliards ; ajoutez-y les intérêts des emprunts à venir, l’amortissement, les pensions militaires, les dépenses de réparation et de « reconstruction »