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L’étoile de leur cœur venue
Revienne à leur cœur douloureux,
Pour que, de larmes arrosée,
La Croix de Guerre soit posée
Sur Sept Glaives au lieu de deux !

Dieu ! quelle aube nous verrons poindre
A travers nos pleurs éblouis !
Joignons les mains ! Il faut les joindre
Pour dire en pleurant : « Quel pays ! »
Et quel paysan que le nôtre,
Qui, se faisant un cœur d’apôtre
Par un effort de sa raison.
Va, sous une nouvelle bure,
Mettre son antique courbure
Au service de l’Horizon !

Pour que la capote fameuse
Ne s’accroche pas au réseau,
En sifflant l’air de Sambre-et-Meuse
Il l’a retroussée en biseau.
Au drap bleu de la République
Il fait ce pli de forme oblique ;
Mais un jour, l’ouvrage accompli,
Il laissera, comme d’une aile.
Tomber sur la terre éternelle
La paix qu’il porte dans ce pli !

Quand le Bois Sabot sent la brise
Succéder au vent de l’obus.
Quand, sur les noirs chevaux de frise,
On croit voir tomber Sirius,
— Mais c’est l’astre d’une fusée, —
Ils sortent, et sur l’herbe usée
Ils rôdent... Qu’ils sont beaux à voir !
Casqués de ciel, bottés de bourbe,
Le regard droit, la pipe courbe...
Je les ai vus, un soir. Un soir,