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Prusse. En effet, « on réduisit, a noté M. Godefroy Cavaignac dans son livre : la Formation de la Prusse contemporaine, l’effectif des compagnies, et l’on appela successivement les cantonistes demeurés dans leurs foyers à s’exercer durant un mois au régiment. Il fut également décidé que chaque régiment détacherait un certain nombre d’officiers, qui se rendraient, durant les jours fériés, dans le canton du régiment, pour y exercer les hommes en congé de l’ancienne armée. Les partisans du service obligatoire prenaient ainsi largement leur revanche de l’échec que leur avaient imposé la volonté du Roi et les intrigues qui s’agitaient autour de lui. L’on soumettait à l’exercice militaire tous les hommes qui n’étaient point compris dans les catégories d’exemptés ; c’était un progrès considérable réalisé vers l’application du service universel. Les officiers avaient reçu l’ordre de traiter les hommes avec les plus grands ménagements. Chacun se familiarisait avec le service, et la réconciliation de l’armée et de la nation était préparée de la façon la plus pratique. Ces mesures exceptionnelles, ce rapide passage sous les drapeaux, faisaient pénétrer partout la notion exacte de la situation violente de l’État, des devoirs civiques, du rôle de l’armée. Les soldats d’un mois, les Krümper, jouèrent un rôle considérable dans la guerre d’indépendance, et leur appel constitua l’un des éléments, les moins apparents peut-être, mais certainement les plus réels, du mouvement national. » Pensons à Scharnhorst et à Gneisenau, ils nous feront penser à Blücher.

Que la même faute ait été commise pour la nation allemande et pour l’armée allemande, qu’on ait eu le tort d’eu conserver, de n’en pas briser l’unité, nous ne dirons, pas que ce soit tout à fait indifférent, mais nous dirons après cela, nous conviendrons que c’est très secondaire, car les prérogatives militaires accordées à la Bavière dans l’Empire étaient de pure forme, de pure cérémonie, et en vérité illusoires. Elle avait bien un siège permanent dans la Commission de l’armée du Bundesrath, ayant stipulé, au traité du 23 novembre 1870, par lequel elle s’associait à la fondation de l’Empire allemand, que l’armée bavaroise formerait en temps de paix une partie distincte de l’armée de l’Empire ; mais, de fait, l’Empereur, sous les ordres de qui était constitutionnellement placé l’ensemble des forces de terre et de mer ; qui avait le droit de veiller à ce que toutes les troupes fussent au complet, prêtes à marcher, soumises à l’unité de formation, d’organisation, d’armement, de commandement, d’instruction ; qui avait le droit de surveillance et d’inspection partout ; qui appelait les