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de barbarie, que rien ne peut justifier, et qui resteront dans l’histoire comme la marque indélébile des procédés de guerre allemands. Cependant, nos ennemis renouvellent, à toute occasion, leurs plaintes et leurs appels à la générosité des Alliés.

Aucune protestation ne s’est élevée en Allemagne, pendant toute la durée de la guerre. Tous les traitements inhumains appliqués aux prisonniers, aux vieillards, aux femmes et aux enfants y semblaient naturels, quand ils nous étaient infligés. Nous n’avons pas usé de représailles envers des populations qui n’avaient montré, à l’égard des nôtres, aucune pitié. C’est bien ; mais la générosité, qui est inconnue en Allemagne, serait un acte de faiblesse, à l’heure où la justice seule est en cause.

Les conditions de la paix future, quelles qu’elles soient, ne répareront qu’imparfaitement les désastres des régions de l’Europe, qui ont été ruinées pour de longues années. La situation des voies ferrées du Nord de la France et de la Belgique en est la meilleure preuve. C’est par elles qu’il fallait commencer les réparations nécessaires.

« Là où le rail cesse, a dit M. Clemenceau, la vie s’arrête. » Le premier effort des Alliés a donc été de rendre la vie aux provinces réduites au dernier degré de la misère. Leur état actuel, qui s’est amélioré, offre un contraste frappant avec la physionomie des régions allemandes non touchées par la guerre. Toutes les troupes d’occupation alliées en témoignent.


SITUATION DES ARMÉES ALLIÉES AU 11 NOVEMBRE 1918

Au moment de la signature de l’armistice, la remise en état des voies ferrées belges et françaises était loin d’être achevée. Elle ne s’étendait pas au delà de la région limitée par les points principaux suivants : Roulers, Courtrai, Ascy-lès-Lille, Orchies, Somain, Busigny, Tergnier, Athies-sous-Laon Neuchâtel-sur-Aisne, Challerange, Consenvoye-devant-Verdun, Vigneulles, Thiaucourt et Pont-à-Mousson. Certaines grandes destructions opérées par l’ennemi exigeaient encore de quatre à six semaines de travail pour être réparées.

Les armées alliées étaient cependant déjà parvenues sur la ligne générale jalonnée par Gand, Audenarde, Mons, Maubeuge, Hirson, Rocroi, Charleville, Sedan, Stenay, Damvillers, Eix, Saint-Hilaire-en-Woëvre et Pagny-sur-Moselle. Les conditions