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les réseaux, la proportion de la main-d’œuvre féminine atteignait de 11 à 20 pour 100 de l’effectif total des employés, tandis qu’en Angleterre elle ne dépassait pas 5 pour 100.

En 1918, l’effectif des réseaux s’est accru de 26 000 R. A. T. Le réseau d’Orléans a vu son service allégé par l’envoi de quatre bataillons de troupes américaines de chemins de fer, capables de former environ 250 équipes. Le personnel total des Compagnies a même atteint le chiffre de 380 000 employés, supérieur de 23 000 à celui du temps de paix, mais avec un rendement inférieur à celui du personnel technique normal.


CRISE DE MATERIEL

Au moment de l’ouverture des hostilités, les grands réseaux disposaient de 13 800 locomotives et de 376 000 véhicules. Ils en ont perdu 55 000 au moment de l’invasion du territoire, mais le déficit réel est descendu à 45 000, par suite de l’apport de 7 000 wagons belges et de 3 000 wagons allemands.

La guerre a considérablement compromis la réparation du matériel en souffrance, au moment même où elle devenait plus urgente, par suite de l’usage intensif dont nous avons indiqué les causes principales. Le nombre des réparations en 1917 s’élevait déjà à 26 000 pour les wagons, au lieu de 14 840, en 1914. La proportion des locomotives à remettre en. état s’élevait de 11 à 15 pour 100 ; 2 144 en 1917, au lieu de 1 570 en 1914.

Les stations-magasins et les établissements de la guerre immobilisaient momentanément, pour les besoins du service, une moyenne de 20 000 wagons. A certains moments, ce chiffre a même été doublé. M. Claveille constatait le 17 septembre 1918, à la Chambre des députés, qu’en groupant tout le matériel belge, anglais, américain et français, en service en France, on n’obtenait qu’un total inférieur de 6 pour 100 pour les locomotives et de 9 pour 100 pour les wagons au total du matériel de nos réseaux avant la guerre. Quelques semaines après, le Gouvernement arrêtait tout un programme de constructions qui prévoyait la fourniture de 830 locomotives, de 600 tenders et de 32 965 wagons. L’industrie française ne se trouvant pas en mesure de fournir une commande aussi importante de locomotives, il a fallu en demander 660 aux États-Unis et 170 à la Grande-Bretagne.