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cette expression, — provient d’une part de ce que les mines ne peuvent guère être mouillées qu’aux faibles profondeurs, d’autre part de ce que les sous-marins guettant les cargos n’avaient quelque chance de repérer leur gibier et de ne pas le manquer qu’à condition de se placer là où il devait forcément passer, c’est-à-dire aux abords des côtes et plus précisément des grands ports.

Or, si on tire une ligne de Faslnet-Rock aux Scilly et, de là, à l’extrême pointe Ouest de la France (et c’est aux abords de cette ligne que les torpillages furent les plus denses), on n’y trouve pas de fonds supérieurs à 100 mètres. D’autre part, et sauf quelques fossés qui se trouvent surtout au voisinage de la côte Sud-Ouest de Norvège, la mer du Nord est relativement peu profonde et n’a guère plus de 30 mètres dans la partie Sud et 50 mètres vers son centre. C’est même ce qui a permis vers la fin de la guerre à l’Amirauté anglaise de mouiller entre l’Ecosse et la Norvège un énorme champ de mines, qui dut à la fin de la campagne rendre fort pénible le passage des sous-marins allemands.

Si te gisement des épaves à faible profondeur est une condition nécessaire de leur renflouement possible, ce n’est pas seulement parce que la puissance nécessaire pour soulever une masse donnée est évidemment proportionnée à la distance dont il faut la soulever, c’est surtout à cause de la pression de l’eau qui croît rapidement avec la profondeur et qui est la grande pierre d’achoppement du travail des scaphandriers. Or, dans toutes les méthodes de renflouage que nous allons décrire, le scaphandrier a toujours à jouer un rôle plus ou moins important suivant les cas, mais qui n’est jamais négligeable, ne serait-ce qu’en reconnaissant la situation et l’état de l’épave à sauver. Il est donc rationnel que nous commencions l’exposé de ces méthodes par celui des perfectionnements récents qui ont permis aux scaphandriers d’obtenir les résultats étonnants qui leur sont dus depuis quelque temps.

Jusqu’en 1914, les scaphandriers n’avaient pas pu descendre au delà d’une profondeur maxima de 64 mètres, ce qui était un record établi par deux officiers anglais en 1907.

Toute la difficulté provient de la pression croissante à laquelle est soumise le plongeur à mesure qu’il s’enfonce. On sait que la pression atmosphérique est équivalente à la pression d’une colonne d’eau d’environ 10 mètres (exactement 10 m. 33), c’est-à-dire à la pression d’un kilog par centimètre carré. A. 50 mètres sous l’eau, le plongeur est donc soumis à une pression de près de 30 kilogs par