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Le bruit a couru qu’un accord était intervenu entre le gouvernement danois et M. de Brockdorn-Rantzau, avant son départ de Copenhague, pour régler l’affaire du Slesvig en dehors des Puissances alliées et associées, le Danemark s’engageant à ne revendiquer qu’une faible, partie du territoire annexé à la Prusse. La conduite du ministère danois et les déclarations mêmes du ministre allemand dans son discours du 14 février à Weimar ont montré que le soupçon était justifié. Ce n’est que poussé par l’opinion publique que le gouvernement a enfin posé la question devant la Conférence de la paix. Il a réclamé le plébiscite pour le Slesvig du Nord, pour Flensborg et pour quelques districts du Slesvig moyen.

La Conférence a entendu le représentant officiel du Danemark ; le Slesvig moyen, de son côté, a envoyé un mandataire à Paris et une délégation, composée d’un représentant de chacun des grands partis danois et de quatre Slesvigois, désignés par le gouvernement pour éclairer la Conférence sur les dispositions du Danemark au Nord et au Sud de la frontière actuelle, a quitté Copenhague.

Nous laissons complètement en dehors la grave question du Canal de Kiel, qui sera sans doute internationalisé. On peut considérer le sort du Slesvig du Nord comme réglé en principe, puisqu’on est sûr des aspirations de ses habitants. Pour le Slesvig central, il s’agit d’interpréter les vœux profonds d’une population qui n’est pas libre de les exprimer aujourd’hui. Cette justice suprême pourrait-elle être atteinte par un plébiscite qui aurait lieu actuellement ? Dans quelles conditions devrait-il se faire et jusqu’à quelles limites méridionales les Slesvigois devront-ils être admis à voter ? Telles sont les problèmes qui s’agitent en ce moment en Danemark et en Slesvig et que devra trancher la Conférence de la Paix.


JACQUES DE COUSSANGE.