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La masse à transporter immédiatement représentait la valeur de 42 corps d’armée, actifs ou de réserve. La vitesse normale des trains militaires, qui est de 30 kilomètres à l’heure, se réduit dans la pratique à une vitesse utile d’une vingtaine de kilomètres en raison des ralentissements et des arrêts indispensables, surtout sur de longs parcours. La durée des débarquements a quai varie, suivant les, armes, de une heure et demie à trois heures.

Sur le réseau du Nord, les transports de concentration occasionnèrent la mise en marche de 1 012 trains, dont 509 formés dans les gares de la Compagnie. Le Midi eut à rassembler les trois corps d’armée du Sud : ceux de Montpellier, de Toulouse et de Bordeaux, pour les acheminer vers le réseau de l’Est, par l’intermédiaire des réseaux de l’Ouest-Etat ou de Paris-Orléans. Sur ce dernier, les transports de concentration nécessitèrent la mise en marche de près de 2 000 trains militaires emportant 600 000 hommes et 144 000 chevaux. La moyenne des marches fut de 135 par jour, les trains se succédant souvent à 10 minutes d’intervalle.

La Compagnie de l’Est eut à concentrer à l’extrême frontière les trois corps d’armée de Nancy, de Châlons et d’Epinal. Elle eut en outre à amener à leur destination les corps du Midi, du Centre et de l’Ouest. Elle dut assurer la circulation de plus de 4 000 trains militaires. Les journées les plus chargées furent celles des 9. 10 et 11 août 1914, avec une moyenne de près de 400 trains par jour. Sur certaines lignes, les trains durent se succéder à moins de quatre minutes d’intervalle et se suivre à moins de deux kilomètres de distance. On juge, par cet exemple, de la conscience et de l’esprit de discipline et de dévouement dont tout le personnel d’exécution du réseau de l’Est a dû faire preuve, à cette période délicate de la concentration.

Sur le P.-L.-M., plus de 4 000 trains ont été mis en mouvement, du 5e au 30e jour de la mobilisation. Certains gares régulatrices ont dû orienter jusqu’à 200 trains par jour, soit aiguiller, en moyenne, leurs trains de huit en huit minutes. Du 12 au 20 août, le réseau, en dehors du transport des corps d’armée métropolitains, a eu à écouler, en trois jours, toutes les forces mobilisées venues d’Algérie et de Tunisie par Marseille, puis assurer, en sens inverse, le transport des troupes territoriales allant au Maroc remplacer la division du général Gouraud.