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Napoléonides, l’aigle impériale. A Huningue, le général Modelon, magnifique soldat d’Afrique, à Neuf-Brisach le général Herr, enfant de la cité. Alsacien à l’âme expansive, avec les généraux Lacapelle et Lebouc, avaient connu des accueils transportants. Le Rhin était, de Huningue à Lauterburg, garni, par nos troupes et, la Lorraine occupée, déjà nos soldats avaient paru dans la vallée de la Sarre et le Palatinat. Le maréchal commandant en chef les armées alliées pouvait venir.

Il parut à Metz le 26, à Strasbourg le 27. Rien ne ressembla moins aux autres « entrées, » parce que le généralissime Foch ne ressemble à personne. « Il nous est arrivé en boulet de canon, » me disait un Messin. Le fait est qu’on était à peine prévenu de la visite que déjà l’illustre soldat était à Metz. C’était pour lui ville familière : élève du collège Saint-Clément avant la guerre de 1870, il avait passé là une enfance déjà batailleuse ; il alla revoir le collège, y laissa parler ses souvenirs dans le langage pittoresque, semé de réflexions imprévues et de rapprochements piquants, qui le distingue. Puis il s’en vint passer en revue, dans l’île Chambière, la 39e division que, dans les premières semaines de guerre, commandant le 20e corps, il avait vue à l’œuvre ; il lui adressa une de ces harangues brèves et brusques qu’on connaît, terminée par ces mots qui le peignent : « Pensons aux morts. Leur souvenir reste. Je suis satisfait : je vous ai admirés. » Comme de jeunes Messines, charlotte en tête et cotillons brillants, l’assaillaient : « Mesdemoiselles, dit-il rondement, vous êtes trop belles. Vous allez faire peur à mon cheval. » Alors, ayant donné l’ordre de masser les quatre musiques de la division Pougin devant lui, il s’achemina, au milieu de magnifiques fanfares, vers la place d’Armes cil il entendait saluer Fabert ; dans un imposant carré de troupes, on vit le grand homme de guerre s’avancer vers le rude maréchal de la Guerre de Trente ans et le saluer du sabre si cordialement qu’on eût dit qu’il l’accolait. « Nous avons eu l’honneur d’être pissés en revue par le maréchal Foch, écrit un de nos cavaliers, et de lui servir d’escorte d’honneur pour son entrée dans la ville. J’étais fier de défiler à la tête de nos poilus et une fois de plus on est obligé de reconnaitre que les Lorrains sont dignes d’être Français. »

Le fait est qu’on acclama fort le vainqueur de l’Allemagne. Au Palais du Gouvernement, il reçut le nouveau maire de Metz,