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soutient. Il s’engage à fond : selon sa propre expression, il conquiert la victoire.

Et son armée le suivra ; car il s’adresse à elle dans un langage digne d’elle :

G. Q. G. (Châtillon-sur-Seine) 6 septembre 7 h. 30.

Télégramme n* 3948


Au moment où s’engage une bataille, dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière.

Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi.

Toute troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer.

Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée.


Sur l’immense étendue du front, de l’Ourcq aux Vosges, tout le monde est prêt, l’arme au pied ; on attend.

Seule, l’heure où doit s’engager la bataille reste en suspens, ou plutôt elle est prévue pour le 6 à l’aube : car il faut donner aux derniers renforts la possibilité d’arriver et aux Anglais le temps de se mettre en ligne. Le général Galliéni, par son ordre général n° 5, daté du 4 septembre à 20 heures, a pris toutes les dispositions nécessaires à l’intérieur du camp retranché. Le général Maunoury, commandant en chef de l’armée, est sur les lieux, a son quartier général, à Ecouen. La journée du 5 ne comporte cependant encore qu’un simple déploiement.

Mais, soudain, les événements se précipitent. La bataille de manœuvre échappe, en quelque sorte, à ceux qui l’ont préparée et se transforme, à la minute suprême, en une bataille de rencontre. Car, si Joffre a donné ses ordres, von Kluck a donné les siens : les deux armées ennemies se jettent l’une sur l’autre et s’étreignent avec fureur, a peine se sont-elles aperçues.


GABRIEL HANOTAUX.