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rôle qui lui incombe de détendre la capitale contre une agression encore possible de l’armée allemande. A cet effet, il réclame, le 2 septembre, des renforts importants en troupes actives, au moins trois corps d’armée. Sinon, Paris serait, assure-t-il, dans l’impossibilité de résister : c’est donc le point de vue de la résistance que l’on envisage encore à cette date.

Mais, à partir du 2 septembre, la conception du Haut-Commandement, c’est-à-dire l’offensive sur le flanc droit, s’est affirmée ; elle apparaît comme réalisable à très bref délai. Les forces nouvelles que le général Joffre a retirées de ses armées de l’Est et envoie, dans ce dessein, commencent à arriver. Le 4e corps (général Boëlle) est signalé comme devant amener une de ses divisions, au moins, le 4. La 45e division se porte dans la région Est du camp retranché.

On surveille, de partout, avec une anxiété, où l’espoir commence à percer, les mouvements de l’ennemi. Depuis le 31 août-1er septembre, on sait qu’il est en train de se regrouper sur l’Est. On le suit, on le guette.

A la fin de la nuit du 2 au 3, un officier du service des renseignements, l’interprète Fréchet, attire l’attention du Commandement sur un fait qui confirme les renseignements antérieurs au sujet du mouvement de conversion à l’Est de l’armée von Kluck. Un réfugié de la Somme qui a été, un moment, prisonnier des Allemands dans la région de Saint-Just-en-Chaussée, s’est évadé : on l’a interrogé, il affirme avoir vu, dans cette localité, des troupes d’infanterie allemande allant vers la gauche, c’est-à-dire dans la direction de l’Est ; il a vu des troupes prenant cette même direction dans la région de Creil. Tandis que des groupes de cavaliers marchaient vers le Sud (c’est probablement la 4e division de cavalerie, von Garnier, après le combat de Néry) deux fortes colonnes d’infanterie et d’artillerie marchaient transversalement vers l’Est. Dans la matinée du 3, on apprend, de Luzarches, que l’ennemi « a reçu l’ordre d’évacuer. » — Une reconnaissance par avion du 3 septembre signale qu’à 18 heures, à Êtrepilly, des troupes sont rencontrées sur une longueur d’environ 16 kilomètres avec le Sud-Est comme direction générale.

Une reconnaissance en auto que commande l’interprète Fréchet est poussée vers Chambry, Lizy-sur-Ourcq et Meaux. Elle gagne Claye et s’approche de Penchard. Vers le Nord et le