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parce qu’elle a pu sembler rationnelle. Mais elle équivaut à supposer, contrairement à la réalité, qu’il existe, dans le fond de la terre, sous la zone très restreinte des grottes, de grands vides analogues à ceux qu’a imaginés Jules Verne. Au contraire, à une certaine profondeur, tout travail souterrain, qui recoupe un vide restreint, a les plus grandes chances d’y rencontrer déjà de l’eau ; et, si on reste plus près de la surface, les nappes poreuses ou fissurées présentent, a de rares exceptions près, une puissance d’absorption si lente et si restreinte qu’il serait impossible de faire fonctionner ainsi le plus faible moteur.


LES MARÉES

Nous ne pouvons pas compter davantage sur les marées, quoiqu’il y ait là, de toute évidence, Une immense énergie perdue et qui sera certainement utilisée en partie un jour. Si l’on multiplie seulement les cubes d’eau soulevés sur les côtes de l’Atlantique par la hauteur d’une marée moyenne, on arrive à des chiffres de chevaux-vapeur impressionnants. La lune nous propose là de travailler chaque jour quelques heures pour nous et nous ne savons pas en profiter. Cependant, la solution technique est bien simple. Il suffit de remplir des bassins à marée montante et de les vider à marée descendante, ou de faire actionner par la marée des accumulateurs hydrauliques. Par exemple, un premier bassin, où pénètre directement la marée, peut déverser ses eaux à travers des turbines dans un second plus bas, et l’eau de ce second bassin retourner à marée basse dans la mer. La marée offre les inconvénients ordinaires de toutes les forces naturelles : irrégularité, intermittences et phases de violence destructrices. Les accumulateurs d’énergie sont des outils coûteux et d’un rendement médiocre. L’emploi de bassins exige de grands frais pour les terrains à acheter et la construction. Il est également coûteux d’utiliser la violence des vagues, quoiqu’on ait obtenu quelques résultats en agissant sur une turbine pneumatique par la compression d’une chambre, à air. Peut-être cependant verra-t-on un jour, sur nos côtes, un long réseau d’énergie naturelle, captant et collectant à la fois les marées et le vent.