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échanges de territoires avaient lieu, l’application des lois provisoires, dont la nécessité semble s’imposer, se compliquerait considérablement du fait que, dans un seul et même département, les deux législations seraient en vigueur. Que l’ancienne Alsace-Lorraine forme trois départements bien distincts, le droit spécial, qui la régira provisoirement, pourra facilement y être introduit et appliqué. Qu’au contraire, des enclaves « législatives » soient créées dans cinq départements limitrophes, tout se compliquera, au point que l’unification immédiate s’imposera fatalement.

Faisons remarquer qu’à la conférence d’Alsace-Lorraine, lorsque la question de la délimitation des trois nouveaux départements fut posée, les délégués, par toutes les voix contre trois seulement, exprimèrent l’avis qu’il fallait, pour le moment, s’en tenir aux divisions administratives actuelles.

Ceci posé, examinons rapidement le problème, tel qu’il se présentera demain, lorsque la France rentrera en possession de ses deux anciennes provinces.


L’Alsace et la Lorraine vivent, au point de vue scolaire, sous le régime de la loi française de 1852. Celle-ci prévoit la confessionnalité de l’enseignement primaire. Dans les écoles publiques, les enfants sont donc séparés suivant la confession religieuse à laquelle ils appartiennent. Comme conséquence, les écoles normales d’instituteurs sont également confessionnelles. L’enseignement religieux fait partie du programme scolaire. Il est donné par les maîtres habituels et par les ministres des différents cultes, dans les bâtiments scolaires, et contrôlé par des inspecteurs spéciaux.

Dans les établissements d’instruction secondaire, qui sont mixtes, c’est-à-dire où les élèves de toutes les confessions sont mêlés, l’enseignement religieux, qui reste obligatoire, est donné par des Religionslehrer (professeurs de religion) qui ont le titre et le traitement des autres professeurs.

L’Alsace-Lorraine ne connaît pas l’enseignement libre. Il y a bien les gymnases épiscopaux de Strasbourg, Zillisheim et Montigny, et le gymnase protestant de Strasbourg ; mais dans ces établissements tous les professeurs doivent posséder les qualifications requises pour leurs collègues des maisons officielles,