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encore le même. Seulement, comme, après les précédentes offensives, on avait évalué triomphalement le nombre des kilomètres conquis, et que, cette fois, chacun peut, sur une carte, vérifier la médiocrité du résultat, les journaux sont chargés de développer les raisons d’une avance aussi lente. « Ainsi que tout le monde peut le voir, les chiffres qui expriment le gain de terrain réalisé par nous dès le premier jour de l’attaque et qui montrent l’importance de notre percée, sont plus faibles qu’au cours de nos dernières offensives. Il serait erroné de vouloir en tirer dès maintenant des conclusions positives, mais il ne faut pas oublier que le terrain d’attaque était extrêmement difficile et que, cette fois-ci, la conquête des premières positions ennemies a été particulièrement hérissée de difficultés, car, d’une part la Marne, d’autre part des positions montagneuses ralentissaient forcément l’élan des troupes d’attaque. Il est certain également qu’en franchissant la Marne d’un mouvement rapide et heureux, nos troupes ont obtenu un succès stratégique de la plus haute importance. » (Frankfurter Zeitung, 17 juillet.) D’autres journaux, rééditant, une vieille formule qui déjà leur a souvent servi, affirment que, si le Haut Commandement ne pousse pas l’offensive plus vigoureusement, c’est pour épargner le sang des soldats.

Deux jours plus tard, contre-offensive de l’armée française. L’Etat-major déclare qu’elle était « attendue depuis longtemps, » que, grâce à leurs tanks, les Français ont pu pénétrer dans les premières positions allemandes, mais que leur tentative de percée a été déjouée. Quand l’armée allemande est forcée de repasser la Marne, Wolff se surpasse. « La traversée de la large rivière que les Allemands viennent d’effectuer pour la deuxième fois, sans que l’ennemi se soit aperçu de rien, constitue un nouveau et magnifique fait d’armes. Les buts que la poussée allemande se proposait sur la rive Sud de la Marne ont été pleinement atteints... La grave menace que notre avance faisait peser sur l’ennemi, a enfin déclenché la contre-attaque française attendue depuis si longtemps ! » Et le même jour : « On sait que jamais le commandement allemand ne s’est proposé de buts géographiques ; détruire l’ennemi est son seul objectif ; l’initiative qu’a prise le général Foch n’a donc fait que hâter ce résultat. » Et, durant tous les jours qui suivent, WoIff ne cesse d’annoncer d’éclatantes victoires.