Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/948

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exacte, on ne voit pas pourquoi alors l’année ne commencerait pas aussi bien à l’équinoxe d’automne ou à celui de printemps. Il y a d’excellentes raisons en faveur de l’une ou de l’autre solution.

D’ailleurs, le changement d’origine de l’année soulèverait, au point de vue des affaires, des difficultés nombreuses, ne fût-ce qu’en obligeant les gouvernements à modifier l’année financière.

Ne cherchons pas une trop grande rigueur scientifique dans la réforme du calendrier. Cette réforme est avant tout imposée par des raisons pratiques comme l’ont compris les Congrès des Chambres de Commerce qui la réclament. Et c’est pourquoi cette réforme, il faut l’aborder pratiquement et commencer par le commencement, par l’échelon le plus facile à franchir : l’unification des calendriers dans le moule grégorien. Chi va piano va sano.

S’il est permis de faire un peu la philosophie de ces choses, on voit finalement que toutes les difficultés, toutes les imperfections des calendriers proviennent de ce que le mois et la semaine ne sont pas simplement commensurables dans le cadre de l’année, autrement dit de ce que la révolution synodique de la lune et celle de la Terre autour du soleil n’ont point de commune mesure simple.

L’une des erreurs les plus importantes de ce divin rêveur que fut Platon fut de penser qu’il n’y avait dans les choses naturelles que des rapports simples et parfaits, et c’est ainsi qu’il pensait avoir prouvé qu’il ne peut y avoir que cinq mondes parfaits, parce qu’il n’y a que cinq corps réguliers en géométrie.

La vérité est, hélas ! tout autre ; les harmonies réelles et profondes du monde ne sont pas soumises aux normes mesquines de notre logique, et comme l’a dit Fresnel : « La nature ne se soucie pas des difficultés analytiques. »


CHARLES NORDMANN.