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s’élaborait dans les masses américaines qu’aucune paix durable n’était passible avec « les parjures et les menteurs qui gouvernaient l’Allemagne. Ils étaient hors la loi morale : leurs paroles étaient des mensonges, leurs promesses sans valeur, leurs garanties des pièges pour les imprudents. » (World, 30 août.) Les journaux pacifistes mêmes déclaraient « qu’un échange de vues avec le Kaiser ne serait qu’un répit accordé à un militarisme impénitent. » Quant aux socialistes, ils approuvent le Président d’avoir conseillé la révolte au peuple allemand et préparé ainsi « le grand jour du socialisme universel ! » (New York Call, 30 août.) La répudiation de tout démembrement, et de toute ligue économique égoïste et exclusive, contenue dans la note, rallie l’opinion germano-américaine tout entière. Le Cincinnati Volkablatt, la Freie. Press, l’Illinois Staats Zeitung, la New Jersey Freie Presse, le Pittsburgh Freiheitsfreund , etc., etc.., expriment au Président « leur profonde admiration et gratitude » pour ses « paroles d’or, » « son message sans égal dans l’histoire. » Le New York Staats Zeitung trouve que « le message n’aurait pu être mieux rédigé par un Allemand même, échappé à l’atmosphère locale et devenu citoyen du monde ! » Toute la presse germano-américaine déclare que le Président a merveilleusement répondu à la question tant de fois posée en vain : « Pourquoi nous battons-nous ? » Seules quelques organisations, notamment le <(Conseil du peuple d’Amérique pour la démocratie et la paix, » osaient encore protester. Elles étaient d’ailleurs encouragées par quelques patriotes indignés contre « l’apathie, » « la somnolence » de leurs États : le sénateur Young, de l’Iowa, le gouverneur du Wyoming, des journalistes du Missouri, du Kansas, du North Dakota, le président de la Ligue de Louisiane, qui s’alarmaient de l’indifférence que les populations rurales manifestaient pour la guerre. Mais, à ce propos, le World faisait remarquer (1er septembre) « qu’il ne fallait pas s’en étonner, car le jour n’était pas si éloigné où le peuple américain tout entier, fidèle à ses grandes traditions de haine de la guerre, d’humanitarisme, d’idéalisme chrétien, repoussait la guerre comme une inspiration satanique. » D’ailleurs, la guerre n’était encore ni profondément, ni universellement populaire, avait affirmé le sénateur Harding en plein Sénat le 31 août. Mais la réaction contre les activités de ce Conseil du peuple fut instantanée