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L’épidémie et la débauche,
Car qu’importe la main qui fauche,
Pourvu que le pré soit fauché !



La foule, dans la débâcle
De ces temps vertigineux,
Se consolait au spectacle,
Et, sur l’écran lumineux,
Dans une atmosphère ardente,
Défilait devant ses yeux
La vision trépidante
D’un monde silencieux.

Mais, soudain, semant la panique,
Grandissait dans l’espace obscur
Un bourdonnement mécanique.
Et le plafond, le mur,
Tout semblait dérisoire.
Tout rentrait sous la loi qui borne au provisoire
Un univers peu sûr.



L’étrangleur craint les yeux de celui qu’il étrangle,
Mais ce rapide triangle
Dans les nuages, là-haut,
Ignore le soubresaut
Du corps frappé sur sa couche,
Et le flot qui de la bouche
Jaillit sur le traversin,
Et la clameur qui monte : « Assassin ! assassin ! »

Peut-être était-il sans haine.
Ce qu’il voit
C’est à peine
Le biseau luisant d’un toit,
Puis comme un flocon de laine…