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LES MERVEILLEUSES HEURES
D’ALSACE ET DE LORRAINE

I

L’AURORE APRÈS LA NUIT

Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront avec des chants de triomphe.
Psaume 126
Et quel temps fut jamais si fertile en miracles ?
Racine, Athalie.
« Vos frères d’Alsace et de Lorraine, séparés en ce moment de la famille commune, conserveront à la France absente de leurs foyers une affection filiale jusqu’au jour où elle viendra y reprendre sa place. »
(Protestation de Bordeaux.)

Le 4 août 1870, les Allemands du prince royal ayant, à Wissembourg, surpris et écrasé la division Abel Douay, l’Alsace se trouva soudain ouverte ; la brèche s’agrandissait, le 6, après les combats de Frœschwiller, de Morsbronn et de Reichshoffen, et, Mac-Mahon se retirant sur Saverne, la plaine alsacienne était livrée. Le même jour, Frossard, attaqué par Steinmetz à Forbach, était, par suite de l’inaction de Bazaine dans Saint-Avold, battu à son tour et la Lorraine envahie.

Tandis que notre fortune, irréparablement compromise à Sedan, se disputait en vain entre l’Aisne et la Loire, l’Alsace et la Lorraine, inondées par les armées allemandes, tombaient entre les mains de l’envahisseur. Strasbourg, après avoir reçu