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inutile ? Les difficultés rencontrées par l’administration, notamment à Bordeaux avec les entrepreneurs de transports, prouvent combien nous avons perdu à substituer aux compagnies de navigation qui se concurrençaient entre elles l’action centralisatrice des services de transit. Je rends bien volontiers hommage aux officiers qui les dirigent. Certains d’entre eux, comme le capitaine de frégate Battelet, à Marseille, ont fait preuve d’une rare compétence et d’une remarquable activité. Mais ils se sont heurtés, du fait même de leur fonction, à des obstacles insurmontables. Quant aux fonctionnaires auxquels ont été confiées les directions centrales, nous ne contestons pas davantage que ce soient des hommes de grande valeur ; mais certains d’entre eux étaient mal préparés à exercer le métier d’armateurs, le plus complexe peut-être qui soit.


LES RÉSULTATS

« Notre tonnage transporté a-t-il été augmenté ? » Telle est la question que l’honorable M. Bergeon, rapporteur devant la Chambre du projet de loi sanctionnant la réquisition générale, se pose pour juger si le système de la réquisition générale nous a été avantageux. Le Député de Marseille, pour mettre en lumière les méfaits du régime étatiste, apporte des chiffres et cite des exemples impressionnants. Certains de ces chiffres et certains de ces exemples ont été contestés par le Commissaire aux Transports. Mais il en reste de bien éloquents, et sur lesquels aucune contestation n’est possible. Ce qu’il eût fallu, c’est établir une comparaison entre le rendement-jour du tonnage avant et pendant la réquisition, en suivant le travail des navires pris individuellement sous les deux régimes. Et telle est bien l’étude qu’eût souhaité faire M. Bergeon : mais on ne lui en a pas donné les moyens. Je gage que le résultat ne serait pas à l’avantage de la Réquisition et c’est dans le discours même du Commissaire aux Transports que l’on en découvre la preuve. « J’ai fait de mon mieux, a-t-il affirmé, je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’erreurs dans mon exploitation. Quand on a à diriger 1 200 à 1 500 navires, nul ne peut se vanter qu’une erreur ne sera pas commise. »

La voilà bien, l’erreur fondamentale ! c’est de diriger 1 200 à 1 500 navires. Nul ne doute que M. Bouisson n’ait « fait du son