Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/630

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bataillon Modat, qui commandait un bataillon du régiment colonial du Maroc, a ou la joie d’être promu lieutenant-colonel sans changer de corps. Il commande son cher régiment lorsque celui-ci est brusquement transporté de la région d’Ay où il travaillait aux défenses, — si utiles plus tard, — de la montagne de Reims, à Ressons-sur-Matz. Ses trois bataillons (1er, capitaine Uorcy ; 2e, commandant Fillaudeau ; 3e, commandant Reboul) ont été immédiatement mis en place, car le péril est pressant, entre le village de Canny-sur-Matz et la cote 98 qui est à mi chemin entre Canny et le Plessis-de-Roye. Le régiment a débarqué le 27 mars. Or, le 23 au matin, la perte de la ferme de Canny, éperon qui domine la tête du vallon où s’étage Canny-sur-Matz, a entraîné la perte du village. Le bataillon Fillaudeau est intervenu pour limiter la progression ennemie aux lisières Sud, et notre nouvelle ligne se fortifie de Roye-sur-Matz à la forme Laroque (carrefour des routes de Canny à Gury et de Roye à Lassigny), et de là à la cote 98 (sur la route de Canny au Plessis), où le régiment colonial du Maroc se relie au 97e. Le bataillon Dorey occupe Roye-sur-Matz, le bataillon Fillaudeau tient la ferme Laroque, le bataillon Reboul se déploie jusqu’à la cote 98, ce qui fait un large front pour le régiment. Le colonel Modat installe son P. C. à la corne Ouest du bois du Gui, en arrière de son centre. Si les jours ont été agités, les nuits ont été calmes et ont permis quelques travaux de défense.

Lo 30 mars, les marsouins assistent à l’attaque allemande comme à une tempête qui déferle autour d’eux sans les atteindre. En montagne, au-dessus du confluent de deux vallées, on a souvent le spectacle d’un double orage qui suit les creux et vous épargne. La 7e division de réserve soit de Lassigny pour s’élancer dans la direction du Plessis-de-Roye, et, de là, gagner les pentes de Gury, tandis que la 5e division de la Garde, venant du bois Verlot, appuie à sa droite pour éviter Roye-sur-Matz et se précipiter on direction de Biermont-Orvillers. Les coloniaux sont au cœur de la bataille, sans en recevoir le choc. C’est la fausse manœuvre qui perdra les Allemands. Cependant le bataillon Reboul est bien près d’être pris dans la bagarre, car le 3e bataillon du 97e qui l’avoisine a dû, sous l’assaut donné au parc, se cramponner à la cote 78, entre la route de Gury à Lassigny et celle du Plessis à Canny- Village,