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sections qui purent franchir cette zone se rallièrent à Beaumont sur la première ligne de notre deuxième position. Le lieutenant-colonel Driant et le commandant Renouard, restés les derniers, avaient été tués dans le bois.

Le général Pétain, qui commandait alors l’armée de Verdun, voulut rappeler cet épisode à sa façon qui envelopperait d’honneur les morts et exalterait les vaincus d’un jour. Il cita à l’ordre de l’armée « les 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied qui, sous le commandant de chefs tels que le colonel Driant, le commandant Renouard et le capitaine Vincent, ont fait pendant les combats de fin février 1916 l’admiration de tous par l’énergie indomptable avec laquelle ils ont lutté pour conserver le terrain dont la défense leur avait été confiée. Ne formant qu’une seule âme, unis dans une même foi, ils ont montré une fois tie plus ce qu’on peut attendre de ces soldats d’élite et ont ajouté une grande et belle page à leur histoire. »

Mais à ces chasseurs du 56e bataillon, groupés derrière Belval vers les bois de Thiescourt, et depuis quelques mois exercés en Alsace, dressés à l’offensive, il faut une gloire plus tangible que celle d’une retraite héroïque. C’est un beau spectacle que celui des talons de l’ennemi qu’on poursuit : ce spectacle ne leur sera-t-il pas donné ? Le commandant Herment a reçu, vers dix heures du matin, l’ordre de se rapprocher de Belval avec deux compagnies (les 7e et 8e ) pour se mettre à la disposition du lieutenant-colonel Rat (159e"), en raison de l’inquiétude qui règne autour du Plémont. Il est parvenu vers onze heures et demie aux anciennes organisations situées à l’Ouest de la route les Bocages-Belval. Mais on est alors plus inquiet de la progression du Plessis que de l’attaque du Plémont. L’ennemi a-t-il dépassé le parc ? A-t-il pénétré dans le bois de la Réserve ? Est-il parvenu, comme le bruit en court, aux Carrières-Madame et tient-il la route d’Elincourt-Sainte-Marguerite ? Alors, ce serait l’enveloppement du Plémont. Le colonel Rat prescrit au commandant Herment d’envoyer une compagnie (la 8e) en reconnaissance dans la direction du bois de la Réserve. Celle-ci trouve aux Carrières-Madame une compagnie du 236e solidement établie et rejoint le bataillon à Belval. C’est alors, vers quatre heures du soir que le commandant Herment est avisé de son rôle dans la contre-attaque : le 56e bataillon, opérant à l’Est du Plessis, aura pour mission d’enlever la Porte Rouge et