Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/620

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour tous les modes d’emploi qui pouvaient se présenter : attaque à gauche, attaque au centre, attaque à droite, attaque générale. Nous avions constitué un stock de cartouches insuffisant, mais qui permettait néanmoins de se battre quelques heures. Nous avions quelques grenades, pas beaucoup. Les flanquements de mitrailleuses étaient dictés par une étude approfondie de trois jours et semblaient excellents. Ils l’étaient moins que le moral des hommes qui, comprenant l’importance de la position et la nécessité de ne pas la perdre, étaient résolus à recevoir les Boches de main de maître... »

Rien n’est plus indispensable que d’insister sur ces détails de la préparation. La bataille ne fait que réaliser les dispositions prises à l’avance : il faut un prodigieux hasard pour que ses résultats échappent à la simple logique. Or, la préparation est plus difficile dans la défense où l’initiative est laissée à l’adversaire, où se doivent multiplier les prévisions. Le 30 mars au matin, le 2e bataillon du 159e se relie donc à sa gauche à la 6e compagnie du 97e qui tient la Porte Rouge, et à sa droite, vers le chemin creux du bois du Pinson, au 3e bataillon du 159e qui s’étend jusqu’à Thiescourt où il trouve le 205e. Les trois compagnies sont, de la gauche à la droite, dans cet ordre : 5e, 7e et 6e. Le poste de commandement du commandant est presque au sommet de la montagne, vers le coude du chemin creux de Belval. Quand l’attaque se produisit à 7 h. 30, « il n’y eut pas d’ordres à donner : » depuis trois jours, on l’attendait.

Les observateurs signalent les vagues sortant de Lassigny, marchant sur le Plessis-de-Roye, puis d’autres vagues sortant des lisières Sud-Est de Lassigny pour se diriger sur la face Nord du Plémont. Les fusées de barrage sont aussitôt lancées, mais les liaisons avec l’artillerie sont encore mal assurées et ne fonctionneront bien que plus tard dans la matinée. Le commandant de Surian voit très nettement que le danger sera à sa gauche, et il met immédiatement à la disposition du capitaine Thuveny qui commande la 5e compagnie, en liaison avec la 7e du 97e, sa section de réserve. De ce côté, en effet, trois vagues ennemies se succèdent, suivies de nombreuses colonnes d’escouades par un et de lignes de colonnes par quatre : le commandant y envoie encore la section de réserve de la 7e compagnie qui est près de son P. C. Car il vient d’être