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du front, déjà très étendu, qui m’était confié était rendue plus difficile encore par les ravins nombreux qui descendent de la cime du massif vers le Nord-Est et l’Est, par les nombreux boyaux venant de l’ennemi et qu’il fallait surveiller, et par toutes les pointes boisées poussées vers la plaine, pointes qui rendraient les flanquements très difficiles à réaliser. Trois cent cinquante hommes pour défendre ce massif, si désirable à l’ennemi, c’est peu. Aussi tout le monde, pendant les trois jours et les quatre nuits de répit que nous laissèrent les Allemands, comprenant l’importance de la position, et décidé à exécuter l’ordre de la tenir jusqu’au dernier, se mit-il résolument à la besogne. On creusa, on plaça le peu de réseau Brun qu’on put réunir, on étudia dans le plus petit détail chaque flanquement. » Pour rendre la défense plus dense, le commandant se décide à mettre en ligne ses trois compagnies et à pousser cette ligne jusqu’au bas des pentes, afin d’engager le combat aussi loin que possible des observatoires que le commandement voulait à tout prix conserver. Des deux observatoires, l’un, face à Lassigny, donnait des vues très étendues ; l’autre, au champ plus restreint, regardait le massif de Porquericourt. « < Mais sur ce vaste champ de bataille (près de 1 800 mètres de front) confus et tourmenté, continue, dans son exposé, le commandant de Surian, mes groupes de combat et sections de mitrailleuses étaient de véritables enfants perdus. Et une autre chose m’inquiétait, c’est qu’une attaque par vagues nombreuses parvint à s’infiltrer entre les éléments de la défense et à les prendre à revers. C’est pour parer à ce danger, dans la mesure du possible, que je maintenais à mes mitrailleuses l’ordre d’être toutes en première ligne. Mais que d’inquiétudes, que de soucis jusqu’au matin du 30 mars ! que de fatigues aussi pour tous, car il n’était pas question du sommeil ! Je puis dire néanmoins que le vendredi soir, 29 mars, j’avais à peu près réalisé la première ébauche de mon installation sur le Plémont. Mes trois compagnies étaient en ligne, ayant chacune deux sections en 1re ligne, une section en soutien près du P. C. du commandant de compagnie et une section en réserve, à ma disposition près de mon P. C., sauf celle de la 6e compagnie que j’avais placée immédiatement derrière le P. C. de cette compagnie à cause de son éloignement. Tout le monde connaissait ses emplacements de combat. Les sections de réserve avaient reconnu leurs itinéraires