Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/617

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Pie, du Paon, du Pivert, du Loriot, de la Linotte. Le Plémont, c’est le bastion principal, la tour maîtresse du château fort naturel qui protège le cœur de la France.

Sur le vaste front qu’il doit couvrir, le général Guillemin a disposé à sa droite, devant Thiescourt, un bataillon du 205e régiment, ayant en soutien le 60e bataillon de chasseurs, en arrière et en réserve le 56e bataillon de chasseurs ; à sa gauche, les 2e et 3e bataillons du 159e régiment, ayant en réserve le 1er. C’est le 2e bataillon qui a la charge du Plémont. Le Plémont est en bonnes mains. Car le 159e régiment est l’ancien régiment de Barbot : il a gardé sa tradition et la tenace, âpre et résistante volonté des montagnards dauphinois et savoyards qui le composaient exclusivement au début et qui ont tant laissé des leurs devant Arras et devant le fort de Vaux. « Régiment alpin, dit sa citation du 18 janvier 1916, qui a fait preuve des plus solides qualités tant au début de la campagne qu’au cours des combats livrés autour d’Arras en octobre 1914 et pendant les mois de mai et juin suivants. S’est de nouveau distingué sous les ordres du lieutenant-colonel Roussel, le 14 juillet 1915, où, malgré le mauvais temps et de réelles difficultés, il a repris une ligne de tranchées précédemment perdue et le 25 septembre et jours suivants où il s’est emparé d’un point d’appui puissamment défendu au delà duquel il a continué sa progression avec une ténacité remarquable. » Enfin le 2e bataillon est commandé par le commandant de Surian.

Quand on a beaucoup roulé dans les armées depuis le 2 août 1914, quand on a vécu dix mois le drame de Verdun où tant de divisions tinrent la scène, les unités et les noms, peu à peu, vous deviennent familiers. On sait bien que le 159e régiment qui était en avril (1916) au bois de Vaux-Chapitre n’est pas un régiment quelconque, et ces deux syllabes : Surian, vous disent quelque chose. Surian, attendez donc : eh ! parbleu, l’homme du Mort-Homme, le jeune capitaine de cavalerie, passé sur sa demande dans l’infanterie, qui commandait le 8e bataillon de chasseurs à pied le 9 avril (1916) lorsque l’ennemi déclencha sur les deux rives de la Meuse l’une des plus formidables attaques que Verdun ait subies, celle qui inspira à Pétain le fameux ordre du jour : Courage, on les aura ! La 8e bataillon de chasseurs est glorieux entre tous, puisqu’il est le bataillon de Sidi-Brahim, celui qui, le 22 septembre 1845, réduit à