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des exportés, tel que le commandement se l’était fixé, eût été obtenu. Il devait s’élever, pour Lille seule, à 25 000. Or, il atteignit, à quelques unités près, le chiffre de 9 300. Avons-nous le droit de supposer que nos diverses protestations, en révélant combien profondément l’attentat commis contre les lois de la justice éternelle avait révolté les consciences, portèrent quelque fruit ? Ce n’est pas impossible. Peut-être ne s’attendait-on pas en haut lieu à un pareil élan de l’indignation générale.

Mais un mystère bien autrement épais est celui qui entoure les origines et les motifs de cette persécution. Pas une explication n’a été alléguée ou même essayée qui supporte l’examen. On a parlé de représailles. Contre qui et au sujet de quoi ? Les motifs allégués dans l’affiche allemande furent contredits par les faits. Une hypothèse nullement insoutenable a été proposée à M. l’inspecteur général Labbé par des officiers allemands en quête eux-mêmes d’une solution qui eût le sens commun. « Voilà, ont-ils déclaré. L’Allemagne désire la paix. La France ne la désire pas. Et pourquoi ce contraste ? C’est que la France n’a pas assez souffert. Imposons-lui donc une majoration de souffrance et cela en faisant retomber de plus en plus lourdement le poids de la guerre sur celles de ses provinces qui se trouvent en notre pouvoir. La douleur d’un ou plusieurs membres deviendra enfin intolérable au corps entier. » Théorie