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SOUVENIRS DE MUSIOUE
A VERSAILLES

Pour le musicien même, comme pour tout autre artiste, comme pour l’historien, pour le poète, Versailles est un des lieux élus de la terre, de notre terre de France. Nous y avons fait, l’automne dernier, une série de pèlerinages mélodieux. Sur quelles indications et avec quel guide ! Avec celui-là qu’on peut véritablement appeler le maitre de la maison, de l’illustre maison dont nul trésor, aucun secret, ne lui est étranger. Quant aux leçons des manuscrits et des livres, tout habitué de Versailles connaît bien le « délicieux asile, » comme eût dit et chanté Rameau, où c’est un délice en effet de les aller chercher. La bibliothèque de la ville occupe l’hôtel qui fut, au temps de Louis XV et de Choiseul, le ministère des Affaires étrangères. Je ne sais pas de plus magnifique demeure, de retraite plus favorable à la pensée, à la songerie. Le rez-de-chaussée forme une suite de salles ou de salons blanc et or, que séparent ou plutôt que relient de hautes et larges baies cintrées. Au-dessus de chacune est peinte une vue de la capitale du pays auquel se rapportent les archives et documents conservés dans la pièce. Tout ici respire la grandeur et la gloire, la noblesse et l’élégance du passé. Ainsi le caractère et la beauté de ces chambres d’étude répond et ressemble de quelque manière à celle des âges mêmes que nous y venons étudier.

Sortons maintenant de la bibliothèque, sortons-en chaque jour, avant le déclin du jour. Gagnons le parc et le château. Allons rêver sur les terrasses, le long des parterres, des bassins, et sous les plafonds peints ou dorés. N’oublions ni la chapelle,