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diminution à prévoir. Le budget ordinaire de l’année nouvelle se soldera certainement par un déficit important.

D’autre part, le 24 décembre 1918, la commission du budget déposait son rapport sur le projet présenté par le gouvernement le 12 décembre et portant ouverture de crédits provisoires concernant les dépenses militaires et les dépenses exceptionnelles des services civils, applicables au premier trimestre de 1919. La demande s’élevait à huit milliards de francs pour la guerre, un demi-milliard pour la marine, un milliard et demi pour les services civils. Il n’y a d’économie, par rapport au dernier trimestre de 1918, qu’au budget de l’armement, réduit de trois milliards. A cette allure, nous aurions encore pour 1919 un programme de 40 milliards.

Or, dans les estimations les plus audacieuses, personne n’admet que nos budgets futurs puissent atteindre la moitié de ce total, qui dépasse celui du revenu de la France.

A coup sûr, la hâte avec laquelle il a fallu, au lendemain de l’armistice, modifier les chiffres antérieurement établis, excuse bien des erreurs. Mais il n’en faut travailler que plus résolument à l’établissement de prévisions plus exactes. En attendant, il est une partie du problème qui est susceptible d’une solution rapide et sur laquelle nous désirons attirer aujourd’hui plus spécialement l’attention de nos lecteurs.


II

La question de la monnaie a des répercussions profondes sur l’ensemble de la situation économique. On sait quelle large part la Banque de France a prise à la création de ressources, destinées à financer la guerre. Elle a porté sa circulation à un chiffre que nous eût paru invraisemblable il y a cinq ans, et qui ne saurait être maintenu après la paix sans nous faire courir les plus graves dangers. Des liens étroits rattachent ce côté de la difficulté à l’ensemble envisagé par nous. Nous sommes ici pleinement d’accord avec le ministre des Finances, qui vient de déclarer à la Chambre que c’est là une de ses à principales préoccupations.

C’est dans une très large mesure que, parmi les ressources qui ont été mises à la disposition du gouvernement, ont figuré les avances de la Banque de France. Des conventions successives